Tunisie : donnant-donnant

Publié le 2 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

Le marché automobile tunisien augmente à allure régulière (+ 11 % en 2005, + 10 % en 2006), sans les soubresauts que connaissent parfois l’Algérie et le Maroc. Ici, le moteur de la croissance n’est pas tant la demande du public que les quotas d’importation alloués chaque année aux constructeurs en fonction de leurs investissements dans le pays. Ainsi, l’État contrôle et calibre la croissance du marché. Au point que les très fortes variations que subissent certaines marques d’une année sur l’autre ne sont pas dues à l’engouement du public pour un modèle précis, mais au volume d’achats effectués par ces marques en Tunisie. Il est parfois d’autres explications, plus humaines, plus subtiles. Un changement d’importateur avait subitement dopé les ventes de Renault voilà quelques années. Citroën vient de bénéficier du même courant ascendant, suite à la nomination d’un nouveau représentant en Tunisie en avril dernier. Résultat : des ventes en hausse de 144 %. Sur le second semestre 2006, Citroën figurait même au 4e rang du classement des marques.
Cette politique du donnant-donnant a porté ses fruits : elle a permis à la petite Tunisie de bâtir un réseau de sous-traitants qui emploie 25 000 personnes et que lui envie la puissante Algérie. Il est toutefois permis de se demander si la méthode n’a pas fait son temps et si le pays ne gagnerait pas à mettre un peu d’huile dans ses rouages. Par exemple, les règles douanières préférentielles dont bénéficient les véhicules 4 CV de cylindrée inférieure à 1 200 cc figent le pays dans une vision dépassée de l’automobile : il n’est plus guère aujourd’hui, dans des pays au niveau de vie comparable, de moteurs 1 200 cc Pourtant, ces véhicules 4 CV ont représenté 25 % du total des voitures vendues en 2006 en Tunisie.
Autre exemple, la Logan : les Tunisiens en sont privés, alors que Marocains et Algériens raffolent de ce grand véhicule familial à petit prix. Mais, partout dans le monde, les usines qui assemblent la Logan peinent à répondre à la demande. Alors, plutôt que de faire une place pour la Logan dans son quota, Renault préfère vendre des Clio qu’il a plus de mal à diffuser ailleurs. Une situation d’autant plus paradoxale pour les Tunisiens que la Logan fait appel à des équipementiers locaux !
Mais au-delà de leur apparente rigueur, les règles du commerce automobile en Tunisie bénéficient d’une certaine souplesse. Ainsi, le « droit au retour ». Cette pratique exempte les Tunisiens revenant au pays après deux ans passés à l’étranger de taxes pour l’importation d’une voiture. Ces voitures, quasi neuves, sont aussitôt revendues sur place. Et augmentent le périmètre du marché tunisien d’environ 15 000 véhicules par an.

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