Réda Hamiani

Président du Forum des chefs d’entreprise

Publié le 2 avril 2007 Lecture : 3 minutes.

Originaire de Mostaganem, Réda Hamiani dirige une entreprise de textile. En 1989, il participe à la création de la Confédération algérienne du patronat (CAP), dont il assure la présidence en 1991. Nommé ministre des PME et des PMI l’année suivante, il occupe cette fonction durant quatre ans. Membre actif du Forum des chefs d’entreprise (FCE), il préside cette organisation depuis février 2007.

Comment la stratégie industrielle du gouvernement est-elle perçue par les chefs d’entreprise ?
Le projet de stratégie industrielle met fin au ?manque de vision à long terme qui constituait un frein au développement des entreprises. Cette stratégie ?doit permettre de faire sortir notre économie du tout-pétrole et d’accélérer la restructuration du potentiel industriel. Celle-ci doit contribuer à améliorer la compétitivité de ce secteur et à enrayer l’érosion continue de ses parts de marché au profit des importations.

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Quelles réserves pouvez-vous formuler ?
Nous craignons que le manque d’efficacité de l’administration empêche de concrétiser l’ensemble des recommandations contenues dans le projet. ?Nous espérons que le gouvernement se donnera les moyens de sa politique, et que nous n’en resterons pas au stade des bonnes intentions. Enfin, la relance ne peut être menée dans un contexte d’ouverture totale de marché. Nous pensons qu’il peut être nécessaire de protéger les industries encore fragiles, jusqu’à ce qu’elles atteignent un seuil critique qui leur permette de supporter le choc d’une ouverture programmée, notamment dans le cadre de l’accord d’association avec l’Union européenne.

Quelle analyse faites-vous des retombées ?de l’accord d’association avec l’UE ?
Nous n’avons pas encore assez de recul pour tirer des enseignements clairs sur ces retombées. Néanmoins, sur le plan commercial, les flux d’échanges n’ont pas été fondamentalement modifiés. L’Europe perd des points par rapport aux pays asiatiques et, en premier lieu, par rapport à la Chine, dont les produits se sont imposés par des prix compétitifs. Sur le plan industriel, les investissements restent faibles et la déception est grande pour ceux qui ont espéré que l’accord signé se traduirait par des investissements massifs et variés, comme cela a été le cas pour l’Espagne et le Portugal lors de leur adhésion à l’UE. Au contraire, le développement des importations s’est poursuivi au détriment des industries locales.

Les produits chinois inondent le marché algérien. Comment vivez-vous cette situation ?
Les produits chinois inondent tous les marchés ?du monde, ce n’est pas une spécificité algérienne. Cela prouve l’ouverture du marché et sa porosité. Cette prolifération confirme également l’existence de couches sociales à faibles revenus. Les produits chinois ne posent pas de problèmes sauf s’il s’agit ?de contrefaçons, ou si les flux alimentés par ce marché restent dans le domaine de l’informel. Cela étant, il faut accepter cette réalité qui traduit le rôle croissant de la Chine dans le commerce mondial.

Comment jugez-vous le plan de consolidation ?de la croissance mis en uvre par le gouvernement ?
Ce programme vise à doper la croissance selon un schéma basé sur une forte dépense publique, en dotant le pays d’infrastructures de base qui constitueront un cadre fortement incitatif pour l’investissement. Nous y sommes très favorables. Toutefois, cette relance n’est pas « endogène ». Elle repose notamment sur des entreprises étrangères qui, une fois leurs investissements rentabilisés, partiront. Les gros contrats confiés aux firmes étrangères n’auront pas de retombées sur les PME locales. C’est pourquoi le FCE demande que, lors des attributions de marchés, l’on « réserve » 15 % à 20 % de contrats à ces dernières sous forme de sous-traitance.

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