Premier d’Afrique

Avec un chiffre d’affaires annuel d’environ 60 milliards de dollars, la Sonatrach profite des cours mondiaux pour battre tous ses records.

Publié le 2 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

Onzième groupe pétrolier mondial, première entreprise d’Afrique, d’après le hors-série de Jeune Afrique Les 500, la Sonatrach n’arrête pas de surprendre. Son chiffre d’affaires flirte désormais avec les 60 milliards de dollars. En 2006, ses exportations ont dépassé le seuil des 54 milliards de dollars et sa production quotidienne frise les 4 millions de barils (huile, condensat et gaz confondus). Limiter la raison de ses succès à la seule fièvre qui s’est emparée du marché pétrolier depuis cinq ans serait fortement réducteur. La Sonatrach est un groupe solide, quasiment indemne des convulsions terroristes qui ont émaillé les années 1990. Mieux : l’entreprise a atteint les objectifs qu’elle s’était fixés : investissements en fonds propres ou en partenariats, entretien et maintenance de l’outil de production, poursuite de son développement à l’étranger. Résultat : en dix ans, le groupe pétrolier public a doublé ses capacités de production (de 750 000 b/j en 1996 à 1,5 million aujourd’hui). Durant l’exercice écoulé, la Sonatrach a réalisé, seule ou en partenariat, une dizaine de découvertes de gisements pétroliers prometteurs. Pour augmenter ses exportations de gaz vers l’Europe et les faire passer de 65 milliards à 80 milliards de mètres cubes par an, elle a initié deux projets de gazoduc, aujourd’hui en phase de réalisation : le Medgaz reliant la ville portuaire de Béni Saf à Almeria, en Espagne, et le Galsi (gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie).
Le mémorandum signé en avril 2006 entre la Sonatrach et Gazprom a donné naissance à une alliance stratégique qui inquiète l’Europe, redoutant la création d’un cartel du gaz. Les émissaires de Bruxelles ont vite été rassurés par Chakib Khelil, ministre algérien de l’Énergie et des Mines : « La Sonatrach a honoré tous ses contrats commerciaux au temps du terrorisme. Cela ne changera pas. Ses clients n’ont aucun souci à se faire. »
La filière des hydrocarbures étant vitale à l’échelle du pays, elle est l’objet de toutes les attentions, nourrit tous les débats et attise toutes les convoitises. En 2004, la loi sur les hydrocarbures, promesse électorale du président Abdelaziz Bouteflika, a été adoptée après moult tergiversations, notamment de la part des syndicats, qui reprochaient au texte de prévoir l’ouverture du capital de la Sonatrach, donc une privatisation possible du fleuron économique du pays. Un an plus tard, le président Bouteflika n’avait toujours pas signé le décret d’application. Et pour cause. L’évolution du marché mondial de l’énergie n’imposant plus les concessions contenues dans le texte, des amendements ont été introduits comme garde-fous contre une exploitation effrénée des réserves de pétrole, afin d’« en préserver une part au profit des générations futures ». Cependant, l’amendement qui a soulevé le plus de polémiques est celui qui instaure une nouvelle fiscalité, la fameuse « taxe sur les superprofits », dont doivent s’acquitter les sociétés pétrolières actives en Algérie, dès lors que les cours du pétrole dépassent 35 dollars. Cette mesure, qui a irrité les groupes pétroliers internationaux, devrait engendrer des recettes annuelles supplémentaires pour le Trésor public, pour un montant compris entre 800 millions et 1 milliard de dollars.

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