Le paysan et le paludisme
Publié le 2 avril 2007 Lecture : 1 minute.
Dans une région pauvre, proche du Kilimandjaro, à Arusha, Joseph Coserian cultivait des tomates et des pommes de terre sur sa petite propriété. Depuis février 2004, il cultive et récolte de l’armoise, qui est la plante dont on extrait l’artémisinine, produit de base d’un médicament essentiel contre le paludisme. Victime de la maladie, ce paysan va-t-il maintenant en bénéficier un peu ? Sa nouvelle plantation a été possible parce que l’Institut de recherches de Tanzanie proposait des semis d’armoise (Artemisia annua). Cette plante était et reste cultivée essentiellement au Vietnam et en Chine. Sa production est insuffisante, limitant à son tour la production des médicaments : ceux-ci restent donc chers et souvent difficiles à se procurer. D’où l’idée de produire l’armoise en Afrique.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) coordonne maintenant les activités d’une organisation non gouvernementale, TechnoServe, et de l’entreprise African Artemisia Ltd. pour exploiter l’armoise en Tanzanie, où elle semble avoir trouvé un sol favorable. Environ 300 paysans produisent de l’armoise, qui demande moins d’entretien que les légumes et qui se vend plus facilement, puisque African Artemisia Ltd. achète la récolte. Cette société en extrait l’artémisinine et la vend aux laboratoires pharmaceutiques internationaux. Ils fabriquent et conditionnent les médicaments, lesquels sont ensuite réimportés en Afrique au prix de 6 à 7 dollars la dose. Le but est de fabriquer les médicaments en Afrique même, où ils pourraient être vendus trois fois moins cher. Le producteur d’armoise est payé au poids (0,5 dollar par kg de feuilles). Il bénéficie d’une prime si la teneur en artémisinine est supérieure à la normale. Le rendement attendu est de 2 tonnes par hectare. Cette production pourrait permettre de « trouver une solution africaine à un problème africain ».
