À Kigali, tout n’est qu’ordre et propreté

Publié le 2 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

Le Boeing de la compagnie Ethiopian en provenance d’Addis-Abeba, via Nairobi, se pose sur l’aéroport Grégoire-Kayibanda de Kigali. Temps ensoleillé. Une brise discrète vient tempérer les morsures de l’astre du jour, déjà au zénith. La dizaine de passagers descend de l’avion, s’engage sur le tarmac et gagne le bâtiment central. Dans le hall, des agents de l’immigration attendent, assis derrière des cabines. Les formalités se passent sans accroc. Ceux qui n’ont pas de visa l’obtiennent sans difficultés moyennant 50 dollars. Mon regard s’arrête sur la salle de livraison des bagages, plus bas. Un petit tapis roulant tourne. Les valises défilent. Contrairement à d’autres aéroports, ici aucun importun ne vient proposer ses services aux passagers. Chacun prend un chariot, charge son bagage et se dirige tranquillement vers la sortie. J’en ai fini avec les services d’immigration. Je descends à mon tour pour récupérer ma valise. Manque de chance : elle est la seule à être restée à Addis-Abeba !

En quittant l’aéroport, mes yeux dévorent Kigali, prisonnier de ses collines. Les artères principales et leurs abords offrent un visage agréable. Arbres et fleurs dominent le paysage. Aucun amoncellement d’immondices, aucun détritus qui traîne. Kigali, qui a fière allure, ressemble plus à une ville de province qu’à une capitale de quelque 700 000 habitants, selon les chiffres officiels. Ici, l’effort d’assainissement de l’environnement n’aura pas été vain. Je remarque quelque chose qu’on ne trouve qu’ici : les autorités ont imposé le port du casque aux conducteurs de taxis-motos et à leurs clients. La règle est respectée par tous.
Pourquoi Kigali laisse-t-il cette impression d’ordre et de propreté, contrairement à beaucoup de capitales africaines ? La poigne du pouvoir ? Je cherche à rencontrer Aisa Kirabo Kacyira, la maire de la capitale depuis mars 2006. Cette femme de 43 ans, vétérinaire formée à l’université de Makerere (Ouganda) et à la James Cook University (Australie), me reçoit dans son bureau. Quand je lui fais part de ma surprise de trouver une ville épargnée par l’insalubrité, elle répond : « Kigali n’est pas une grande ville. Mais nous sommes heureux des progrès réalisés dans ce que nous considérons comme les fondamentaux du développement. »

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Et elle évoque l’umuganda, un principe qui joue un rôle primordial dans son combat pour « un environnement sain, propre et hospitalier ». L’umuganda, ce sont des travaux collectifs effectués chaque dernier samedi du mois. L’ex-Zaïrois que je suis se rappelle que, dans les années 1970, la même pratique avait cours dans son pays. C’était le salongo (travail). « Au Rwanda, explique Aisa Kirabo Kacyira, tout le monde, à commencer par les responsables du pays, se retrouve pour balayer les rues, les embellir, planter des arbres et des fleurs… Les gens ont compris que c’est dans leur intérêt. »
Adepte de la bonne gouvernance, la numéro un de Kigali assure que pour réussir un tel pari, il faut de la transparence à tous les niveaux. Dans son cas, tout est écrit, transmis et discuté au conseil municipal. À tout moment, les administrés peuvent chercher à savoir comment sont dépensés les deniers publics. Il lui reste maintenant à lancer le plan général de développement de la capitale. Avec trois objectifs : s’occuper des quartiers non encore urbanisés, résoudre l’épineux problème foncier dans le cadre de la nouvelle loi, sauvegarder l’image de la capitale, vitrine du Rwanda.

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