Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 2 février 2004 Lecture : 5 minutes.

Sharon joue sa dernière carte
La stratégie de Sharon vise à utiliser à fond la donne électorale de 2004 : faire oublier au président Bush sa promesse faite de favoriser la création d’un État palestinien en 2005 et mettre le monde entier devant le fait accompli : la pax hebraïca avec une Jérusalem emmurée et des ghettos palestiniens aux alentours !
Dans ces conditions, il ne faut pas se demander pourquoi les Palestiniens sont désespérés au point de sacrifier leur vie. C’est sur le terrain qu’on comprend pourquoi il y a tant de kamikazes. Sharon joue, en fait, sa dernière carte : une course effrénée contre la paix, contre l’Histoire et même contre la géographie !

Un préfet musulman, juif, chrétien…
Dans un État laïc, il est normal que nul n’accède à des responsabilités dans la fonction publique sur le critère de sa religion. Un préfet musulman n’a donc pas de sens, de même qu’un préfet juif ou un préfet chrétien. En revanche, il est concevable qu’il y ait des citoyens musulmans qui assument cette fonction, simplement parce qu’ils font partie intégrante de la société française au même titre que les autres. Pourquoi diable y a-t-il problème ? Si l’opinion française était de bonne foi, elle aurait pu comprendre l’expression du ministre de l’Intérieur (« un préfet musulman ») dans le sens culturel du terme. Que l’on nomme cela « discrimination positive », « coup de pouce », « mesures pour rétablir l’égalité des chances », « lutte contre la discrimination à l’embauche », « combat pour la justice sociale », « mesures d’émancipation sociale », etc., les mots importent peu. Ce qui compte, c’est d’aller au fond des choses. C’est reconnaître une situation insupportable : les Français, selon la couleur de la peau ou la religion, n’ont pas en pratique les mêmes droits

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La France, Fanon et le voile
L’écrivain Frantz Fanon (1925-1961), dans son ouvrage L’An V de la révolution algérienne (ou Sociologie d’une révolution), a parlé de la guerre du voile en Algérie en ces termes : « Les responsables de l’administration française en Algérie, préposés à la destruction de l’originalité du peuple, chargés par les pouvoirs de procéder coûte que coûte à la désagrégation des formes d’existence susceptibles d’évoquer de près ou de loin une réalité nationale, vont porter le maximum de leurs efforts sur le port du voile… » Il a décrit le déploiement de tout un arsenal de mesures et de toute une philosophie faisant appel aux valeurs prétendues supérieures de la civilisation blanche et chrétienne.
Aujourd’hui, la campagne contre le foulard est donc ancrée dans une polémique d’une autre époque. En quoi le port de signes religieux offense-t-il autrui ? Pourquoi cet « autrui » se sent-il offensé ? N’a-t-il jamais appris que laïcité veut aussi dire tolérance ? Où est l’égalité ? Un pantalon taille basse et string, un piercing, un affichage de grandes marques, une coiffure branchée, un costard-cravate… sont autant de signes d’une appartenance à tel ou tel groupe social, à tel ou tel corps professionnel… Parlons franchement. Faire croire aux gens qu’enlever le chiffon des têtes de quelques lycéennes pourra aider à restaurer la cohésion nationale, réaffirmer la laïcité ou rétablir la sécurité est abuser de notre naïveté.

Ashcroft et les pentecôtistes
J’apprécie généralement la chronique « Post-scriptum » de Fouad Laroui, mais je dois dire que j’ai été scandalisé par celle du n° 2245 (« Ashcroft est-il fou ? »). Vous avez tout à fait le droit de ne pas apprécier sa politique. Mais votre attaque est indigne, car, cette fois-ci, vous ne vous attaquez pas à son action, vous choisissez au contraire de ridiculiser un homme à travers sa pratique religieuse, pratique que vous décrivez d’une manière déformée et infamante.
À travers lui, ce sont des millions de pentecôtistes dans le monde que vous atteignez, y compris ceux qui vivent sur le continent africain. Il s’agit, pour beaucoup d’entre eux, de croyants qui ne soutiennent pas forcément la politique de l’Attorney General des États-Unis. Ils ne vont pas apprécier l’amalgame. Pareille attaque contre toute autre religion m’aurait tout autant outré. Restons-en au combat d’idée, fût-il impitoyable, mais ne tombons pas dans ces travers.
Réponse : Le problème, en l’occurrence, est qu’il est impossible de séparer l’activité politique de John Ashcroft de ses convictions religieuses fondamentalistes. Il est le premier à le dire et à s’en vanter.

Bonnes paroles
À bien éplucher les propos et déclarations de Charles Blé Goudé (J.A.I. n° 2246), l’influent leader des « Jeunes patriotes » ivoiriens, l’on découvre aisément que, malgré ses bonnes paroles sur la « diversité de la Côte d’Ivoire », il reste un thuriféraire du nationalisme ivoirien. Son combat contre la France est fascinant, mais ses discours mettent en danger de mort tous les ressortissants africains vivant en Côte d’Ivoire, dont beaucoup – Burkinabè, Maliens, Sénégalais, etc. – ont été assassinés dans des zones sous contrôle gouvernemental.

Justice pour les Hereros
Le 2 janvier 1904, sous le règne du kaiser Guillaume II, l’empereur allemand (1859-1941), il fut ordonné la mise au pas brutale et sanglante des Hereros, entrés en rébellion contre l’administration coloniale en Namibie (ex-Sud-Ouest africain). C’est l’épreuve la plus douloureuse de l’histoire namibienne. L’armée d’occupation allemande, dirigée par le général von Trotha, s’était livrée à une répression d’une extrême cruauté, tuant plus de dix mille Hereros dont le seul crime était de réclamer leur liberté.
Cent ans après, des représentants de cette communauté se sont rendus en Allemagne pour exiger excuses et réparation. Ils ont été tout simplement éconduits par le gouvernement fédéral allemand. Deux poids deux mesures : le génocide des Hereros n’est pas traité de la même manière que, par exemple, le génocide juif.

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Non à la séparation ethnique
Le président Lansana Conté et ceux qui le soutiennent, tout comme certains chefs de parti politique, font des problèmes ethniques leur fonds de commerce. Cela ne reflète pas la réalité sur le terrain : la Guinée a toujours connu le mélange ethnique. Je rappelle que Sékou Touré n’a pas réussi à provoquer, malgré bien des tentatives, un conflit entre Peuls et Soussous. Je ne veux plus qu’on nous monte les uns contre les autres. Les vraies valeurs qui comptent ce sont la compétence, l’intégrité morale et la probité intellectuelle.

Préalable
La modernité ne suffit pas pour sortir du sous-développement. Pour moi, le développement est une combinaison de différentes énergies (forces) et de différents facteurs de production dans une société donnée visant un même objectif : vivre en harmonie avec le Créateur, avec soi-même et avec son environnement. Pour l’atteindre, il faut au préalable garantir l’égalité des chances entre les individus en assurant les besoins fondamentaux : éducation de base, santé, nutrition et habitat.

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