Sécheresse en Afrique : pourquoi le Forum mondial de l’eau doit aboutir à des décisions radicales
Confronté dans certaines régions à une sécheresse inédite depuis plusieurs décennies, le continent va-t-il pouvoir s’adapter aux changements rapides provoqués par le réchauffement climatique ? Alors que le Forum mondial de l’eau s’ouvre ce 21 mars à Dakar, Jeune Afrique décrypte les défis auxquels le continent est confronté.
Publié le 17 mars 2022 Lecture : 2 minutes.
« Perdre du temps, c’est mourir. » Le ton d’António Guterres, le 28 février dernier, était plus qu’alarmiste. Commentant les conclusions du dernier rapport du Giec, le secrétaire général des Nations unies a exhorté les décideurs du monde entier à prendre la mesure de l’urgence et a dressé le constat de « l’échec des dirigeants dans la lutte contre le changement climatique ».
Hors normes
L’Afrique, sur ce front, est en première ligne, tant c’est le continent le plus exposé au risque d’une recrudescence des phénomènes de sécheresse. À l’heure où doit s’ouvrir le neuvième Forum mondial de l’eau, qui se tient à Dakar du 21 au 26 mars, le constat est sans appel : l’Afrique a soif.
13 millions de personnes pourraient se retrouver dans une situation d’insécurité alimentaire grave
En Algérie, les autorités espèrent parvenir à éviter de revivre le terrible été 2021, marqué par des incendies de forêt. Au Maroc, où le cumul des précipitations sur ces cinq derniers mois est 64 % en deçà des moyennes habituelles, le gouvernement a annoncé une série de mesures d’urgence pour tenter de limiter les conséquences de cette baisse pour les agriculteurs.
Le sud de Madagascar a connu sa pire sècheresse depuis quatre décennies. Dans la Corne de l’Afrique, certains pays n’ont pas connu de saison des pluies digne de ce nom depuis trois ans. En Éthiopie, au Kenya et en Somalie, les organisations humanitaires et les agences des Nations unies évaluent à 13 millions le nombre de personnes qui pourraient se retrouver dans une situation d’insécurité alimentaire grave. Paradoxalement, dans cette même zone, certaines régions se préparent au contraire à faire face aux suites de précipitations hors normes d’ici au mois de mai, dérèglement climatique oblige.
La gestion de l’eau, une question « vitale »
« L’Afrique doit renforcer sa mobilisation dans le financement d’infrastructures d’accès à l’eau et à l’assainissement, de mécanismes de gouvernance et de coopération entre États », plaidait, fin février, Abdoulaye Sène, le secrétaire du Forum mondial de l’eau, organisé conjointement par le Conseil mondial de l’eau et le Sénégal. Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine depuis janvier, a lui aussi insisté sur la « place vitale » de la gestion de l’eau, du point de vue de l’environnement comme de celui du développement. « Les besoins de financement dans le domaine de l’eau seront multipliés par six d’ici 2030 », souligne par ailleurs le chef de l’État sénégalais, hôte du forum, dans un appel qu’il cosigne avec David Malpass, président de la Banque mondiale, publié sur Jeune Afrique, ce mercredi 16 mars.
Le président sénégalais aura cependant fort à faire pour convaincre les décideurs de passer des bonnes intentions aux actes. Quelles sont les régions les plus touchées par la sécheresse ? Quelles en sont les conséquences pour les populations ? Quelles sont les réponses apportées par les autorités ? En amont de ce sommet, Jeune Afrique décrypte, en cartographies et en infographies, les défis cruciaux que le continent doit relever.