Les « recommandations » de Clinton

Publié le 2 février 2004 Lecture : 2 minutes.

En 1990, les autorités religieuses saoudiennes émettaient une fatwa interdisant aux femmes de conduire elles-mêmes leurs voitures. Pour protester contre cette décision, quarante-sept Saoudiennes ont défilé pendant quinze minutes dans les rues de Riyad au volant de leurs limousines. Dénoncées par les groupes religieux, ces « amazones » ont été arrêtées. La plupart ont perdu leur travail et se sont vu confisquer leurs passeports pendant deux ans.
Bill Clinton avait-il à l’esprit cet épisode lorsqu’il s’est adressé, le 19 janvier, aux mille délégués du Forum économique de Djeddah ? Sans doute, puisque l’ex-président américain s’est demandé « comment une économie moderne pourrait être bâtie si les femmes en étaient exclues », avant d’inviter ses hôtes à lever les interdictions frappant la moitié de la société.

« Si les voitures avaient existé au temps du Prophète Mohammed, ce dernier aurait autorisé ses épouses à les conduire », a-t-il lancé à l’assistance. Et d’ajouter : « Si les voitures avaient existé il y a 1 400 ans, le Prophète aurait sans doute fait de l’Arabie saoudite le premier constructeur automobile dans le monde et aurait confié cette responsabilité à l’une de ses épouses. » Khadidja, la première d’entre elles, n’était-elle pas ce qu’on appelle aujourd’hui une businesswoman ?
Les déclarations de Clinton ont provoqué les applaudissements nourris des femmes présentes, qui, soit dit en passant, étaient séparées des hommes par un grand écran. Mais elles n’ont pas manqué de choquer quelques cheikhs enturbannés qui considèrent l’émancipation des femmes comme une ruse de Satan.

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L’ex-président a profité de l’occasion pour appeler l’Arabie saoudite à ne pas opposer de résistance à la « vague de changement » et à oeuvrer pour une meilleure participation politique de la population. Il l’a aussi invitée à « réformer son système éducatif, non pas en supprimant l’enseignement religieux, mais en introduisant celui des sciences, des techniques, des sciences politiques… » Mieux : Clinton a suggéré à Riyad de consacrer 10 % des 2 milliards de dollars alloués aux programmes de construction de mosquées et d’institutions islamiques à travers le monde au financement de projets d’approvisionnement en eau potable dans les pays musulmans pauvres. Une recommandation qu’il conviendrait aussi de faire à son successeur à la Maison Blanche, qui dépense, lui, des dizaines de milliards de dollars pour faire la guerre en Afghanistan et en Irak. Comme quoi le fondamentalisme, qu’il soit islamique ou chrétien, est un bien mauvais conseiller.

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