Laurence Buthelezi
Le premier viticulteur noir sud-africain lance son millésime 2002.
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Dans la région du Cap, les vignes s’étendent à perte de vue. On y produit des vins de plus en plus appréciés, dans le monde entier. Mais la viticulture sud-africaine est encore un bastion blanc et, accessoirement, métis : les premières vignes furent plantées, au XVIIe siècle, par des huguenots français fuyant les persécutions religieuses… Depuis toujours, les Noirs n’y jouent qu’un rôle subalterne. Ils sont généralement ouvriers agricoles. Au temps de l’apartheid, ils étaient souvent rémunérés avec des bouteilles d’alcool. On appelait ça le Dop System Aujourd’hui, quelques coopératives « noires » ont bien été créées à l’initiative du gouvernement, mais elles restent contrôlées par les Blancs.
L’apparition d’un propriétaire-récoltant noir, zoulou en l’occurrence, est donc une petite révolution. Laurence Buthelezi, c’est son nom, n’a pas encore 30 ans. Depuis deux mois, son premier millésime, un tutuka (« progrès », en zoulou) 2002, est en vente chez tous les bons cavistes. Le jeune homme s’est lancé dans l’aventure en 1998. Un peu par hasard. Et grâce à Jean-Vincent Ridon, son employeur, un Français installé depuis huit ans à Signal Hill, près du Cap, qui lui a consenti un prêt pour acheter ses premiers
cépages. De la syrah, pour les connaisseurs.
Habilement, Buthelezi utilise sa singularité comme un argument de vente : sur les étiquettes de ses bouteilles figure un fier guerrier zoulou. Et il espère bien commencer à exporter prochainement son Tukuta. En France, notamment. « Sa passion pour le vin lui vient, explique-t-il, de son père. Pasteur anglican dans la région de Durban, celui-ci fabriquait lui-même son « vin de messe », pour Pâques.
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