Honorables députés marocains

Publié le 4 février 2004 Lecture : 2 minutes.

La Chambre des conseillers deuxième Chambre du Parlement marocain est en séance ordinaire ce mardi 23 décembre 2003, de 14 h 30 à 18 h. À 17 h 50, le président de séance annonce : « Une question, la dernière, sur l’organisation de la Coupe du monde 2010 », posée par une demidouzaine de députés et devant être lue par l’un des initiateurs : mais, surprise, aucun de ceux-ci n’est présent. Tous absents, alors que le secrétaire d’État chargé de la Jeunesse Mohamed El Gahs était là pour apporter un éclairage sur la question.
Le président de séance n’a pu que se rendre aux réalités et reporter la question à la semaine suivante. Ce constat est regrettable parce qu’il n’est pas le premier du genre. Aussi interpelle-t-il la conscience ? Jugez-en :
La loi de finance a été votée par seulement 88 députés sur 325 : cela est affligeant et on ne peut être qu’indigné devant un tel comportement où l’irresponsabilité le dispute au « je-m’en-foutisme ». Et que serait l’absentéisme si la caméra devait, à son tour,
faire l’école buissonnière ? L’honorable coupole du Parlement deviendrait la moins fréquentée du monde, à moins qu’elle ne le soit déjà.
Pourtant, un député est dépositaire avant tout d’un mandat de confiance : outre la fidélité aux engagements pris, il se doit s’il veut inciter au respect des règles de se prêter de bonne grâce, et en toutes circonstances, au devoir d’exemplarité. Au surplus, une élection est un pari sur l’avenir, et lorsqu’un député s’obstine à n’exercer son mandat que par intermittence, chaque fois que bon lui semble, la députation devient
une gabegie.
Dieu, que n’a-t-on pas dit que la démocratie n’est pas une tasse de café instantané ? On ne peut pas ne pas rappeler que la moralisation de la vie publique est tributaire de la moralisation de la vie parlementaire, c’est-à-dire qu’elle restera un vu pieux tant que les élus du peuple continueront à pratiquer l’absentéisme pour la majorité et la transhumance pour bon nombre, dans une douce brise d’impunité.
« Le monde, disait Einstein, est dangereux, non pas à cause de ceux qui font du mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. » Sans oublier que plus on monte dans la hiérarchie plus on doit être au service du plus grand nombre : à défaut de cela, le voile
flatteur des illusions qui aident à vivre ne manquera pas de faire des ravages par incivisme interposé.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires