Celtel à l’abordage

Présent depuis six ans sur le marché africain, l’opérateur joue la carte de l’intégration régionale. Son objectif : rivaliser avec les meilleurs.

Publié le 2 février 2004 Lecture : 2 minutes.

L’Afrique serait-elle en passe de devenir le nouvel eldorado de la téléphonie mobile ? Elle offre en tout cas un fort potentiel de croissance aux opérateurs des nouveaux réseaux de télécommunications. Le taux de pénétration dans certaines régions est en effet faible voire quasi inexistant. La première phase de conquête de clients sur les marchés nationaux étant achevée, ou en voie de l’être, la stratégie gagnante consiste désormais à relier ces pays entre eux. À terme, il s’agit de connecter les Africains par l’intermédiaire d’un unique réseau qui ne dépendrait pas de l’Europe. L’intégration régionale, tel est par exemple l’objectif primordial de la société MSI Cellular, plus connue en Afrique sous la marque Celtel. Créée en 1998 par le Dr Mohamed Ibrahim, cette société dont le siège est à Amsterdam est aujourd’hui présente dans douze pays. Elle y possède treize licences sur le continent et a investi plus de 750 millions de dollars afin d’exploiter les réseaux de télécommunications mobiles au sud du Sahara.
L’entreprise se porte bien et le fait savoir en adoptant un nouveau slogan (« La vie en mieux ») et en troquant le nom un peu barbare de sa société mère (MSI Cellular) pour celui de Celtel. Le coût de cette opération marketing demeure secret, mais Celtel a les moyens de ses ambitions. Pour l’année 2003, elle devrait réaliser plus de 400 millions de dollars de chiffre d’affaires. Elle compte 2,5 millions d’abonnés et sa clientèle croît de plus de 50 % par an. Les sceptiques, qui, hier, voyaient dans la faiblesse du niveau de vie des Africains un facteur d’échec en sont pour leurs frais.
La société vient d’annoncer un programme de capitalisation de 62 millions de dollars injectés par un fonds d’investissement privé dont le leader est Capital International. La dot de ce dernier s’élève à 38 milliards de dollars. Le Fonds de développement des Pays-Bas, le FMO, et Blackney Management apportent respectivement 15 milliards et 9 milliards de dollars. Le « Dr Mo », comme ses collaborateurs surnomment le patron de l’entreprise, ne se perd pas en conjectures : « Capital Group, explique-t-il, est le leader en matière d’investissements privés dans les marchés émergents et son soutien est une reconnaissance de notre réussite en même temps qu’il valide notre stratégie, notre approche commerciale et nos perspectives. »
Depuis le début, le total des capitaux propres levés par Celtel auprès de divers fonds d’investissement dépasse 300 millions de dollars. De quoi élaborer une solide plate-forme pour étendre la prééminence du groupe dans de nouvelles régions et confirmer sa stature d’entreprise panafricaine. Déjà, des négociations en vue d’acquérir de nouvelles licences sont en cours avec Orascom Telecom, propriété d’une famille égyptienne, les Sawiris. Le bruit court que Celtel chercherait également à s’implanter en Angola et au Liberia, pays en guerre mais qui présentent des atouts financiers importants, comme elle l’a fait naguère en Sierra Leone. La manoeuvre n’est pas sans intérêt. Si les opérateurs sud-africains Vodacom et MTN restent les numéros un africains en nombre d’abonnés (13 millions, au total, sur leur marché national), Celtel devrait pouvoir, à l’avenir, rivaliser avec eux sans complexe.

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