Accord de Genève : du souhaitable au possible

Publié le 2 février 2004 Lecture : 2 minutes.

Alors que, depuis un demi-siècle, le conflit israélo-palestinien a causé tant d’innocentes victimes et que, jusqu’ici, toutes les solutions proposées pour mettre fin à ce drame ont finalement échoué, l’Accord de Genève (voir texte intégral dans J.A.I. n° 2238) est-il, lui aussi, voué à n’être, après tant d’autres, qu’une vaine tentative ?
Certains le souhaitent et ne se cachent pas pour le proclamer : c’est le cas de Sharon et de tous ceux, trop nombreux encore, qui s’imaginent que la force peut indéfiniment primer le droit et écraser un peuple qui veut être libre. C’est le cas aussi, dans l’autre camp, de ceux qui refusent de voir et d’accepter une évidence : l’existence de l’État d’Israël, reconnu par la communauté internationale.
Mais plus grave, peut-être, que ces refus catégoriques d’accepter le compromis proposé à Genève, est le scepticisme de tous ceux qui pourraient et devraient en favoriser la réalisation concrète.
On peut, certes, et on doit comprendre l’immense déception des Palestiniens auxquels est demandé de renoncer au « droit au retour ». Comment ne pas voir qu’il y a là une grave injustice ? Mais hélas ! ce qui est juste n’est pas toujours possible et, de toute façon, il faudra que la communauté internationale accorde des compensations équitables aux réfugiés palestiniens privés de tous leurs droits.
Tous ceux qui – comme moi – savent ce qu’a été, depuis des années, et ce qu’est aujourd’hui la souffrance du peuple palestinien, tous ceux qui, en Europe, au Proche-Orient, en Afrique et partout dans le monde, ont soutenu et soutiennent la juste cause de ce peuple, ont aujourd’hui quelque difficulté à accepter l’Accord de Genève, qu’ils estiment trop favorable à l’État d’Israël. Certains s’étonnent aussi – et s’inquiètent – que ce projet de compromis soit aujourd’hui soutenu ardemment par des personnalités politiques, des intellectuels, des journalistes qui, jusqu’à présent, semblaient plus favorables au sionisme qu’attentifs aux aspirations des Palestiniens. C’est ainsi que le 16 décembre dernier, au cours d’une réunion publique organisée à Paris pour « soutenir l’Accord de Genève », prirent la parole Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy, Enrico Macias et Dominique Strauss-Kahn.
Mais le fait que ces personnalités, qui ont souvent exprimé leur soutien à l’État hébreu, acceptent le projet de Genève et s’engagent pour sa réussite n’est-il pas le signe que les choses ont changé et que de plus en plus nombreux sont les juifs, en France et partout dans le monde, qui reconnaissent enfin le droit des Palestiniens à vivre libres, dans leur État ?
D’ailleurs, à cette grande réunion publique tenue à Paris, participaient aussi des hommes lucides et courageux – tels Jean-Pierre Chevènement et Me Théo Klein – qui, depuis des années, appellent à la justice et au respect du droit international au Proche-Orient.
Puissent tous ceux qui veulent la justice et la paix en Terre sainte unir leurs voix à celles des Israéliens et des Palestiniens qui se retrouvèrent à Genève. C’est dans la mesure les milieux politiques, les grands médias, les dirigeants économiques, les porte-parole des religions apporteront leur soutien à cette grande initiative que, contrairement à d’autres, elle conduira à la paix, comme l’avaient proposé déjà, à Beyrouth, les États arabes, dans un texte tout à fait remarquable, qui reste aujourd’hui plus actuel que jamais.

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