René Owona

Le secrétaire général adjoint à la présidence du Cameroun est décédé le 27 octobre en France.

Publié le 4 novembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Son absence au cours de la dernière campagne présidentielle a alimenté nombre de supputations, tant cet homme était un pion essentiel du dispositif Biya. Réné Owona, le très influent conseiller économique du président camerounais, se faisait soigner, à Vesoul, en Franche-Comté, région de l’est de la France dont est originaire son épouse. C’est là qu’il a rendu l’âme le mercredi 27 octobre à l’âge de 68 ans. Intime parmi les intimes de Paul Biya (il fut son témoin à son remariage en avril 1994 à Yaoundé avec Chantal Vigouroux), il était chargé des « affaires réservées » de l’État comme de la famille Biya. Pour ses amis, sa nomination en décembre 1997 comme secrétaire général adjoint des services lui ouvrait la voie au poste stratégique de secrétaire général.

Né le 13 novembre 1936 à Otelé, René Owona était un Bene (groupe béti) de Biwong Bané, près d’Ebolowa, dans la province du Sud, non loin du village du président. Après un diplôme d’ingénieur et d’économiste statisticien obtenu à Toulouse, il rentre au Cameroun en 1972 et travaille comme cadre au ministère de l’Agriculture. Parce qu’il a été soupçonné de sympathies communistes pendant son séjour en France, la police politique d’Ahidjo, tenue d’une main de fer par Jean Fochivé, le « met au frais » dans les cellules de triste réputation de la BMM (Brigade mixte mobile). Quand Paul Biya, alors Premier ministre, l’appelle à ses côtés en 1981 comme directeur des affaires économiques et techniques, René Owona sort d’une longue traversée du désert. Il s’est toujours montré peu disert sur cet épisode douloureux de sa vie. On sait néanmoins qu’avant de le faire nommer à la primature Paul Biya connaissait déjà à titre privé cet homme brillant.
À l’instauration du multipartisme en 1990, René Owona se voit offrir le ministère du Développement industriel et commercial, en remplacement de Joseph Tsanga Abanda, dont la gestion est controversée. Dans ces années-là, l’appartenance à la Rose-Croix, ordre dont le président est membre, ouvre les portes du pouvoir. Mais elle ne suffit pas à prémunir le responsable d’un ministère délicat contre une presse privée à l’affût du moindre scandale. À la une des journaux s’étalent des affaires dans lesquelles son nom est cité. Notamment, en 1992, celle dite « Messi Messi », du nom du directeur de la Société camerounaise de banques (SCB), un établissement en faillite, ou le scandale Cellucam, une usine de pâte à papier dont on avait promis à grand renfort de publicité la réouverture dans la ville d’Edéa. Le montage financier international annoncé se révéla être une coquille vide.
Éclaboussé, René Owona est mis sur la touche en novembre 1992. De là remonte cette image d’« affairiste » dont il peinera à se défaire. Ses concurrents, qui y voient une disgrâce définitive, s’en mordront pourtant les doigts. Car le chef de l’État, qui lui a conservé sa confiance, en fait officiellement en 1994 son conseiller spécial chargé des questions économiques, à l’instar de Marafa Hamidou Yaya, alors grand spécialiste des affaires pétrolières et des privatisations. Il vit désormais au quotidien dans l’ombre du chef de l’État comme naguère Titus Edzoa, ancien secrétaire général à la présidence, en prison pour délit de corruption depuis juin 1997. Mais René Owona se différencie de ce dernier par sa réserve et sa fidélité sans faille. Homme courtois, affable et disponible, il n’en tire pas moins de cette position le pouvoir et l’influence que l’on peut imaginer.

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C’est après l’élection présidentielle de 1997 que René Owona est nommé secrétaire général adjoint à la présidence. Bien que troisième dans la hiérarchie, son intimité avec le chef de l’État le conduit à donner des avis décisifs sur tous les dossiers sensibles. Ses attributions débordent aussi sur la sphère privée, ses connaissances en agronomie s’avérant précieuses pour le « président-planteur », propriétaire de vastes champs d’ananas et de poivrons. Il était pour Biya l’administrateur rêvé, capable de faire fructifier son « or vert ».

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