Passé recomposé

Catherine Poncin expose à Rabat ses tableaux associant clichés anciens et images actuelles.

Publié le 3 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

« Sans conte ni légende », l’exposition de Catherine Poncin qui s’ouvre le 4 novembre à la galerie Mohammed el-Fassi, à Rabat, est née d’un cadeau. Celui d’un portrait de famille que lui a offert Fatna Zoheir, sa belle-mère. Sur cette photo, prise dans un jardin à Fréjus, posent la (belle-) mère et ses trois enfants. Le cliché remonte au début des années 1960, alors que la petite famille marocaine vient tout juste de s’arracher au pays natal pour s’installer en France.
Exhumer les mémoires enfouies dans les photos anciennes en les rephotographiant est une démarche que Catherine Poncin poursuit depuis de longues années. Le cliché remis par sa belle-mère lui donne l’envie de sonder l’univers des albums de familles marocaines. Une façon d’« agrandir son espace » vis-à-vis du mari qu’elle a perdu et de continuer à explorer les couleurs et les odeurs de son enfance, parce qu’il n’est plus là pour en parler. Elle ira d’abord à Oujda, ville natale de son époux, puis à Rabat et à Marrakech.
Les familles qu’elle sollicite ne sont pas toutes prêtes à se livrer à l’exercice. Soit par superstition et peur de se voir ainsi déposséder de leur identité, soit par crainte de réveiller une mémoire douloureuse. Mais de bouche à oreille en petites annonces, l’artiste rencontre des familles, humbles ou bourgeoises, disposées à la laisser pénétrer dans leur intimité. S’échappent alors de banales boîtes à sucre ou de luxueux albums une ribambelle de réminiscences et une infinité de destins.
Au fur et à mesure que s’égrènent les images, Catherine Poncin se laisse interpeller par une lueur, un regard, un geste. Elle prélève alors des fragments visuels – une jeune mariée, une mère et son enfant – qu’elle photographie à nouveau selon la méthode qu’elle appelle « de l’image par l’image ». Elle rend ainsi présent le passé. Puis, une fois dehors, alors que sa tête résonne encore de tant de confidences, elle déambule dans les venelles des médinas et photographie ses « égarements » : des escargots, un coq en cage, de la crépine au crochet d’un boucher, des bouteilles de soda…
Catherine Poncin compose ensuite des diptyques et des triptyques où les nouvelles photos en couleur sont associées aux images du passé comme pour leur donner une nouvelle actualité.
Ses tableaux photographiques seront exposés à Rabat le 4 novembre avant de voyager à travers le réseau des Instituts français du Maroc.(*)

* Un livre accompagne l’exposition : Sans conte ni légende, photos de Catherine Poncin, textes de Rajae Benchemsi et Michèle Hadria, coéd. Filigranes et Hors’champs, 25 euros/180 dirhams.

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