BAD : un plan à 1 milliard de dollars pour se passer du blé russe

Cette enveloppe permettrait d’éviter des pénuries alimentaires en Afrique, en permettant le développement du secteur agricole, selon la banque panafricaine.

Des ouvriers congolais dans une minoterie de l’Africa Milling Company du groupe Somika, à Kinsevere dans la province minière du Katanga, le 23 février 2015. © Gwenn Dubourthoumieu pour JA

Publié le 18 mars 2022 Lecture : 2 minutes.

La Banque africaine de développement (BAD) a annoncé une levée de fonds d’1 milliard de dollars pour aider 40 millions d’agriculteurs africains à utiliser des technologies résistantes au climat et à augmenter leur production de variétés de blé tolérantes à la chaleur, a annoncé Akinwumi Adesina, le 15 mars. Plus que le pan technologique, cette nouvelle stratégie visant à développer le secteur agricole africain s’inscrit surtout dans un contexte tendu avec la guerre entre l’Ukraine et la Russie.

100 millions de tonnes d’aliments

Les sanctions imposées à la Russie ont bouleversé les exportations de céréales, augmentant le risque d’une crise alimentaire de grande ampleur, sachant que 30 % du blé consommé en Afrique provient d’Ukraine et Russie. Les exportations de biens de consommation russes vers l’Afrique subsaharienne représentaient 1,75 milliards de dollars en 2019, soit 50% des ventes de la fédération vers la sous-région selon les statistiques de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC).

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« Nous allons redoubler nos efforts pour mobiliser cet argent », a affirmé Akinwumi Adesina. « S’il y a un moment où nous devons vraiment augmenter de façon drastique la production alimentaire en Afrique, pour la sécurité alimentaire de l’Afrique et pour atténuer l’impact de cette crise alimentaire découlant de cette guerre, c’est maintenant. »

Les exportations de biens de consommation russes vers l’Afrique subsaharienne représentaient 50% des ventes de la fédération vers la sous-région

Dans les grandes lignes, ce plan de la Banque panafricaine vise à augmenter la production de cultures comme le blé, le riz et le soja pour atteindre un objectif de 100 millions de tonnes d’aliments, de quoi nourrir 200 millions d’Africains.

Véritable pilier de l’économie africaine, en contribuant à 23% du PIB et 49% des emplois, le secteur de l’agriculture avait déjà été fortement touché par le Covid-19. Une enquête de Heifer International révélait en août 2021 que 40 % des organisations agricoles ont été contraintes de fermer temporairement leurs portes en raison de la pandémie, que 38 % d’entre elles ont connu une réduction du montant moyen des achats par client et que 36 % ne disposent toujours pas du capital financier nécessaire pour relancer leur activité.

Manque d’accès

L’enquête révèle également l’appétit grandissant des entrepreneurs pour l’agritech. Et cela via l’utilisation de l’intelligence artificielle, la télédétection, les logiciels d’information géographique (SIG), la réalité virtuelle, la technologie des drones, la technologie des interfaces de programmation d’applications (API) et divers outils de précision pour mesurer les précipitations, lutter contre les parasites et analyser les nutriments du sol.

Les jeunes sont la clé de la revitalisation du système alimentaire africain

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Un secteur plein essor, avec des startups agritech qui ont levé près de 60 millions de dollars en 2020, un chiffre qui représente 8,6 % des investissements obtenu par les startups du continent l’année dernière, selon le rapport d’Africa Tech Start-up. Mais ces outils ont encore un coût élevé pour les petits exploitants qui manquent encore de moyens financiers et d’accès aux formations.

« En tant que continent dont la population jeune est florissante, le secteur agricole africain doit fournir les investissements dans les innovations agritech qui encourageront les jeunes à se lancer dans des entreprises liées à l’agriculture, car ils sont la clé de la revitalisation du système alimentaire africain », a déclaré Adesuwa Ifedi, vice-présidente senior pour les programmes Afrique chez Heifer International.

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