« L’eau n’est pas un produit de luxe »

Pour le PDG de Veolia Water AMI, service public et rentabilité ne sont pas incompatibles.

Publié le 4 novembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Les 18 et 19 novembre, le groupe Veolia organise à Libreville un séminaire sur le thème du droit à l’eau et à l’énergie. Présente notamment au Niger, au Gabon et au Maroc, sa filiale Veolia Water AMI (Afrique, Moyen-Orient, Inde) dessert près de 800 000 personnes et investit plus de 100 millions d’euros par an dans les secteurs de l’eau et de l’électricité dans des pays émergents. À l’heure où l’accès à l’eau potable et à l’énergie semble de plus en plus problématique, le groupe international veut s’impliquer dans le développement durable en relançant le débat sur la rentabilité et le service public. Pour le PDG de Veolia Water AMI, Patrice Fonlladosa, ces deux notions ne sont pas incompatibles.

Jeune Afrique/l’intelligent : Pourquoi organiser ce séminaire maintenant ?
Patrice Fonlladosa : Parce que l’on s’aperçoit que l’Afrique est confrontée à certains déséquilibres liés au manque de moyens. On constate un certain désintérêt des opérateurs privés pour ce continent. Pourquoi déserter ce champ de manoeuvre ? Pour rechercher ailleurs des retours sur investissement plus rapides ? Cette logique conduit certains à négliger leur mission d’entreprise. Si bien que, à quelques exceptions près, les besoins des populations africaines ne sont pas satisfaits.
J.A.I. : Comment interprétez-vous cette désaffection ?
P.F. : C’est un constat d’échec d’un certain modèle qui conduit à dissocier les métiers de l’eau et de l’électricité dans les pays en développement. Cette logique a montré ses limites, et l’expérience prouve que le mélange des genres a ses avantages. Cela permet de jouer sur la complémentarité entre les deux filières. En couplant ces activités, on peut atteindre plus facilement l’équilibre financier. Quoi qu’il en soit, chaque pays a sa solution, et il ne s’agit pas de sombrer dans le dogmatisme. Nous recommandons des solutions pragmatiques, qui ne sont pas forcément comparables aux modèles européens.
J.A.I. : La notion de service public est-elle compatible avec les exigences de rentabilité du privé ?
P.F. : Il faut dépassionner le débat sur l’entreprise. Nous ne sommes pas une ONG, nous ne devons pas avoir honte de faire du profit. C’est pourquoi nous souhaitons instaurer un dialogue serein avec des gens qui n’ont pas forcément la même approche que nous. Et parler plus généralement de l’accès à l’eau et à l’électricité.
J.A.I. : Alors que les réserves sont de plus en plus sollicitées, l’eau potable n’est-elle pas en train de devenir un produit de luxe ?
P.F. : Le traitement de l’eau est onéreux, et l’accès à cette ressource risque de coûter de plus en plus cher. Face à cette problématique, nous avons un rôle à jouer. Une entreprise comme la nôtre a des objectifs sociaux. Par exemple, à Rabat, la société concessionnaire est tenue d’étendre son périmètre et de procéder à un certain nombre de branchements sociaux. D’ailleurs, les dirigeants politiques savent que, pour que leurs villes ne se transforment pas en poudrière, il faut accompagner l’expansion urbaine en favorisant l’accès à l’eau.
J.A.I. : La réduction des coûts passe par le transfert de compétences…
P.F. : Tout à fait. Le recours à la main-d’oeuvre expatriée est de plus en plus limité. Ainsi, la Société d’énergie et d’eau du Gabon (filiale de Veolia) ne compte plus que douze expatriés aujourd’hui, contre une cinquantaine en 1996. Et sur les dix membres du comité de direction, trois sont expatriés.

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