François Bozizé dit tout (ou presque)
Né à Libreville le 14 octobre 1946, d’un père gendarme, ressortissant de ce que l’on appelait alors l’Oubangui-Chari, en service au Gabon, le général de division François Bozizé a opté très jeune pour une carrière militaire. Formé à l’École des officiers de Bouar, puis à celle de Fréjus en France, cet homme discret et peu disert cache un parcours étonnant où le fracas des armes côtoie la solitude de l’exil et des cellules de prison. À la fois chrétien fervent et franc-maçon de fraîche date – à l’instar de ses voisins Denis Sassou Nguesso, qui l’a parrainé, Omar Bongo Ondimba et Idriss Déby -, ce père de famille nombreuse a su longtemps dissimuler une ambition aussi tenace que maîtrisée. Chef de l’État depuis le 15 mars 2003, après avoir renversé Ange-Félix Patassé, et plus que probable candidat à l’élection présidentielle du 20 janvier prochain, François Bozizé a longuement reçu J.A.I. dans son bureau du Palais de la renaissance à Bangui…
Jeune Afrique/l’intelligent : Le premier tour de l’élection présidentielle est prévu pour le 30 janvier 2005, dans trois mois. Serez-vous candidat ?
François Bozizé : J’annoncerai ma décision au peuple centrafricain le moment venu. Laissons d’abord se dérouler le référendum constitutionnel du 28 novembre. Ensuite, vous saurez.
J.A.I. : Quelques semaines après votre prise du pouvoir, le 15 mars 2003, vous avez annoncé à Libreville que vous ne comptiez pas vous présenter à cette élection. Avez-vous changé d’avis ?
F.B. : J’ai dit que je ne serai pas candidat, sauf circonstances exceptionnelles et si le peuple me le demandait. Par ailleurs, j’observe que rien dans notre Constitution ne m’empêche de l’être. J’en suis là. Attendez un peu avant de conclure.
J.A.I. : Êtes-vous satisfait de votre bilan ?
F.B. : Oui, même si tout est perfectible. J’ai mené une transition consensuelle, en associant toutes les forces vives de la nation. En instituant le Conseil national de transition, qui remplace provisoirement le Parlement, j’ai voulu volontairement créer un contre-pouvoir afin d’éviter les dérives et d’accompagner le gouvernement dans son action. L’insécurité à Bangui a considérablement diminué, et elle se réduit peu à peu dans tout le pays. Il reste évidemment l’économie, qui est au plus mal. Et les finances, qui sont dans un état quasi apocalyptique. Lorsque nous sommes arrivés le 15 mars 2003, il n’y avait plus un franc dans les caisses ! Certes, nous attendons beaucoup sur ce plan de la communauté internationale, mais ne nous voilons pas la face. Tout cela relève de notre responsabilité. Le piètre spectacle que nous avons offert au monde pendant dix ans a fait fuir toutes les bonnes volontés, sans parler des investisseurs. Seules vingt-quatre sociétés dans tout le pays paient l’impôt, contre près de quatre cents au début des années 1980 ! Il n’y a qu’un seul remède – et c’est d’ailleurs mon slogan : « Kwa na kwa », « le travail, rien que le travail ».
J.A.I. : Votre prédécesseur, Ange-Félix Patassé, vit en exil à Lomé. Peut-il rentrer en Centrafrique, si tel est son désir ?
F.B. : Il est libre de le faire. Mais il devra répondre devant la justice des multiples crimes de sang et crimes économiques qui lui sont reprochés.
J.A.I. : Plus précisément ?
F.B. : Tout le monde connaît les exactions, les meurtres et les viols auxquels se sont livrés à Bangui, en 2001 et 2002, les miliciens de son allié congolais Jean-Pierre Bemba. Tout le monde connaît les assassinats et autres règlements de comptes commandités par la présidence après la tentative manquée de coup d’État du 28 mai 2001. La Cour pénale internationale en a été saisie. Il faudra bien que Patassé en réponde un jour.
J.A.I. : Est-ce également le cas de l’ex-ministre de la Défense Jean-Jacques Demafouth, qui vient d’annoncer, depuis son exil parisien, sa candidature à l’élection présidentielle ?
F.B. : Demafouth est également libre de rentrer. C’est même souhaitable puisque la justice l’attend, lui aussi, pour l’entendre à propos de deux assassinats : celui du lieutenant Bodo à Kembe, le village de l’ex-président Kolingba, et celui du colonel Rehote à Bozoum, survenus il y a quelques années.
Et l’ancien Premier ministre Martin Ziguele, en exil en France ?
Ziguele peut revenir, tout comme le porte-parole de Patassé, Prosper Ndouba. À ma connaissance, aucune charge ne pèse contre eux.
J.A.I. : André Kolingba, qui fut chef de l’État de 1981 à 1993, est à nouveau candidat à la présidentielle. Qu’en pensez-vous ?
F.B. : C’est la démocratie, qu’y puis-je. Quand je suis arrivé à Bangui, l’une de mes premières mesures a été d’amnistier cet homme injustement condamné à mort par contumace et de le rétablir dans son grade de général – lui que Patassé avait rétrogradé au rang de deuxième classe. Aujourd’hui, il est candidat. J’espère seulement qu’il a rompu avec les démons tribalistes qui ont hanté son règne du début à la fin.
J.A.I. : Vous êtes allé, à deux reprises, fleurir la tombe de Jean-Bedel Bokassa. C’est une forme de réhabilitation ?
F.B. : Tout à fait. On peut reprocher beaucoup de choses à Bokassa, mais à son époque la Centrafrique était un havre de paix et de stabilité. L’économie tournait. Les salaires étaient payés. J’ai beaucoup appris auprès de lui.
J.A.I. : Il a fait de vous un général à 33 ans…
F.B. : Exact. Même si j’ai, dans un premier temps, refusé ce grade, car je me trouvais trop jeune, j’ai fini par l’accepter. J’ai été son aide de camp, puis il m’a nommé à la tête de l’armée de l’air. C’est d’ailleurs en effectuant une ronde aux abords de l’aéroport de Mpoko, dans la nuit du 20 au 21 septembre 1979, que je suis tombé nez à nez avec les paras français de l’opération Barracuda. L’empereur venait d’être renversé !
J.A.I. : David Dacko, qui lui succède, vous nomme ministre de la Défense. Puis vous rejoignez l’École de guerre à Paris, d’où le général André Kolingba, qui vient de réussir son coup d’État, vous rappelle en mars 1982…
F.B. : Je deviens ministre de l’Information. Mais la lune de miel dure peu de temps. Originaire du nord du pays, je suis rapidement soupçonné d’être de mèche avec Ange-Félix Patassé, qui s’oppose au tribalisme du régime. Et puis, l’emprise grandissante et envahissante du maréchal Mobutu sur André Kolingba m’inquiète. On parle même d’un projet de fusion de la Centrafrique dans le Zaïre. Le 3 mars 1982, je me rends donc à la radio pour dénoncer les intentions hégémoniques de Kinshasa. C’était un peu gonflé, je dois le reconnaître. Aussitôt, Kolingba m’accuse de fomenter un putsch pour le compte de Patassé – ce qui était faux. Je dois me cacher, puis fuir le pays. Commencent alors huit années d’exil.
J.A.I. : À Paris, tout d’abord, puis à Cotonou…
F.B. : Je ne suis resté que quelques mois en France, où l’on m’a vite fait comprendre que j’étais indésirable. Réfugié au Bénin, j’y vis tant bien que mal, constamment surveillé par la police. Jusqu’au 24 juillet 1989. À l’aube de ce jour-là, le capitaine Tawès, chef de la garde du président Kérékou, fait procéder à mon arrestation. Un mois plus tard, je suis extradé vers Bangui, les yeux bandés et menottes aux mains, à bord de la Caravelle présidentielle d’André Kolingba. Interné au camp De Roux par les hommes du colonel Mansion, j’ai été maltraité, torturé, traîné les chaînes aux pieds comme un chien. Je devais me déplacer en rampant. L’un de mes voisins de cellule n’était autre que Bokassa, à l’époque condamné à perpétuité. Mon assassinat a été programmé. Ils m’ont poussé à l’évasion. Durant ce simulacre, je devais être abattu. La tentation a été grande, mais je n’ai pas cédé. Ce calvaire a duré deux ans. Acquitté par la Haute Cour de Bangui, j’ai finalement été libéré le 1er décembre 1991. Je reviens de loin, de très loin.
J.A.I. : Comment avez-vous tenu ?
F.B. : Par la prière. Au Bénin, je m’étais converti au christianisme céleste. La foi, depuis, ne m’a plus quitté.
J.A.I. : Avez-vous évoqué cet épisode de votre vie, depuis lors, avec André Kolingba ?
F.B. : Non, mais nous nous sommes très peu vus. Et puis, je sais pardonner.
J.A.I. : De nouveau libre, vous vous rendez en France pour vous soigner avant de regagner Bangui en 1993. Candidat à la présidentielle, vous êtes largement battu, ainsi que Kolingba, par Ange-Félix Patassé. Que faites-vous alors ?
F.B. : Je vivote. J’achète un taxi-brousse que je conduis moi-même avec l’un de mes fils, sur la route du Nord. Jusqu’au jour où, convaincu que je suis le seul à pouvoir calmer une armée déchirée par les mutineries à répétition, le président Patassé me sort de ma retraite forcée pour me nommer chef d’état-major. Je tente alors de reformer les Forces armées centrafricaines [Faca], je crée de nouveaux corps. Mais Patassé commence vite à se méfier de moi.
J.A.I. : Pour quelle raison ?
F.B. : La tentative de coup d’État du 28 mai 2001, revendiquée par André Kolingba, a été l’élément déclencheur. J’ai pourtant été loyal envers Patassé, et mon rôle dans l’échec du putsch a été déterminant. Mais il est vrai aussi que je n’ai pas accepté les exactions commises dans les quartiers sud de Bangui par la soldatesque de Jean-Pierre Bemba, appelée à la rescousse par le président. Nos relations se dégradent, il ne me reçoit plus.
J.A.I. : Son entourage vous accuse d’avoir profité du coup pour récupérer des stocks d’armes et truffer l’armée de ressortissants de votre région. Patassé lui-même se persuade que vous cherchez à le renverser. Ce qui, avouez-le, n’était pas tout à fait inexact.
F.B. : Disons que, peu à peu, j’ai pensé qu’il fallait abréger la souffrance du peuple centrafricain et que la persistance de Patassé à la tête de l’État était la source de nos maux. Mon brusque limogeage, le 26 octobre 2001, n’était donc pas illogique. J’en ai été informé par un colonel, qui est venu me trouver en pleine réunion d’état-major – la volonté de m’humilier était évidente. J’ai rendu mon véhicule de commandement, et je suis rentré chez moi. Cinq jours plus tard, c’était l’assaut.
J.A.I. : Il est vrai que des armes avaient été découvertes chez l’un de vos proches, accréditant la thèse du complot. Un mandat d’amener est décerné contre vous le 2 novembre. En venant le délivrer, les militaires de la garde présidentielle sont accueillis par des coups de feu. À nouveau, vous voilà rebelle.
F.B. : Pour défendre ma vie et celle de mes hommes ! J’ai bloqué l’axe menant à la sortie nord de Bangui, et j’ai transformé le camp du Régiment de défense opérationnelle du territoire en base arrière. Patassé a fait donner les avions et les lance-roquettes libyens sur les quartiers de Fouh, Boye Rabe, Combattant, PK12. Une médiation, menée par le général sénégalais Lamine Cissé du Bonuca [Bureau de l’Organisation des Nations unies en Centrafrique], est intervenue. Pour éviter un massacre de civils, je me suis replié vers le Nord, avant de rejoindre N’Djamena au Tchad.
J.A.I. : Où Idriss Déby vous accueille à bras ouverts.
F.B. : C’est trop dire. Le président Déby ne nous a pas empêchés d’agir, ni de nous approvisionner en carburant et en munitions, par des filières parallèles, c’est vrai. Mais la plupart de nos armes provenaient des stocks de l’armée centrafricaine. Quant à mes hommes, il s’agissait d’un amalgame de militaires qui m’étaient demeurés fidèles et de jeunes Centrafricains recrutés dans notre zone de repli, voisine du Tchad. Certains, d’ailleurs, étaient nés au Tchad.
J.A.I. : De N’Djamena, vous gagnez Paris où vous signez avec les partis de l’opposition centrafricaine une plate-forme commune. Objectif : renverser Patassé. Le 25 octobre 2002, vos troupes lancent une offensive sur Bangui et parviennent dans ses faubourgs. Mais c’est l’échec.
F.B. : Je n’étais pas sur le terrain pour diriger les opérations, ceci explique cela. Encore une fois, les soudards de Bemba font le travail pour Patassé avec les dommages collatéraux que vous connaissez. Mais ce repli n’est pas une défaite. Au lieu de regagner leurs positions initiales de Sido et de Kabo, à la frontière tchadienne, mes hommes s’arrêtent à Kaga Bandoro, Sibut et Damara, à moins de 100 kilomètres de Bangui. Ils sont prêts à reprendre l’offensive, d’autant qu’en face le contingent libyen a été évacué et remplacé par celui de la Cemac, dont la feuille de route est beaucoup plus restreinte.
J.A.I. : Début 2003, vous quittez Paris pour rejoindre le front. Dans le plus grand secret, apparemment.
F.B. : Je n’ai voulu gêner personne, encore moins donner l’impression que la France et d’autres m’avaient donné leur feu vert. J’ai donc quitté Paris, sous une fausse identité, pour le Cameroun. De là, toujours muni de faux papiers, je suis rentré au pays.
J.A.I. : Comment s’est déroulée la prise de Bangui, le 15 mars 2003 ?
F.B. : Le combat décisif a eu lieu à Bossembélé, au nord-ouest de la capitale. Les forces armées dites loyalistes s’étant depuis longtemps liquéfiées, il y avait en face de nous un millier de miliciens congolais de Bemba. En infériorité numérique – nous étions environ trois cents -, j’ai décidé d’enfoncer le centre de leur dispositif pour les désorganiser. Cette tactique a réussi. La route de Bangui était ouverte.
J.A.I. : Pourtant, la France et les chefs d’État membres de la Cemac vous avaient explicitement demandé de demeurer sur vos positions.
F.B. : Il faut savoir prendre ses responsabilités et saisir les opportunités. Je savais, car j’étais très bien informé de l’intérieur, que la capitale allait tomber comme un fruit mûr. Il n’y a d’ailleurs eu que deux poches de résistance : autour de la résidence de Patassé et autour du palais présidentiel. Quant aux forces de la Cemac, elles avaient reçu l’ordre d’évacuer les points stratégiques qu’elles occupaient.
J.A.I. : Ange-Félix Patassé, lui, était à Niamey pour un sommet de la Communauté des États sahélo-sahariens. L’issue aurait-elle été différente s’il était resté à Bangui ?
F.B. : Non, mais cela aurait sans doute pris plus de temps et causé plus de pertes humaines. Le contingent de la Cemac, qui était là pour le protéger, se serait retrouvé en position délicate. Il est évident que l’absence de Patassé a été un facteur déterminant dans ma décision de déclencher l’offensive finale.
J.A.I. : Une divine surprise ?
F.B. : On peut dire cela.
J.A.I. : Et si son avion libyen était revenu se poser à Bangui, l’auriez-vous abattu ?
F.B. : Non, bien sûr. Mais ses passagers auraient été immédiatement arrêtés.
J.A.I. : Le 15 mars 2003 et au cours des journées qui ont suivi, Bangui a été le théâtre de multiples pillages. Vous sentez-vous coupable ?
F.B. : Des libérateurs ont pillé, une partie de la population a pillé, et des éléments de l’ancien régime ont mis le feu à des ministères pour détruire des archives compromettantes. Il faut tenir compte de tout cela. Sur ma demande, le président Idriss Déby a dépêché quatre cents hommes qui m’ont aidé à rétablir l’ordre grâce à des mesures extrêmes : on a fusillé des pillards en pleine rue. Puis les Tchadiens repartis chez eux, j’ai dû gérer la démobilisation et le désarmement de mes propres compagnons d’armes, dont certains, c’est vrai, avaient commis des exactions contre les civils. Il a fallu les rémunérer, puis les acheminer dans leurs régions d’origine.
J.A.I. : C’est ainsi qu’on vous a vu, en avril dernier, assis sous un parasol, des cantines de billets de banque à vos côtés, distribuer vous-même leurs soldes de tout compte aux ex- « libérateurs ».
F.B. : Tout à fait.
J.A.I. : Parmi ces hommes, deux cents environ ont été envoyés en formation à Moussoro au Tchad, puis à Pô au Burkina Faso. Si l’on en croit certains de vos opposants en exil, relayés en cela par la presse ivoirienne proche de Laurent Gbagbo, ils se trouveraient actuellement à… Bouaké, aux côtés des ex-rebelles ivoiriens, dans le cadre d’un accord secret entre vous et le président Compaoré.
F.B. : C’est du n’importe quoi. On part d’une information exacte – des éléments envoyés par moi en stage au Burkina afin de constituer l’embryon d’une garde républicaine. Et on y ajoute une cargaison d’intox. Aucun de ces hommes n’a mis les pieds en Côte d’Ivoire et tous sont rentrés en Centrafrique à l’issue de leur formation. Si vous ne me croyez pas, informez-vous auprès des Français qui savent très bien de quoi il en retourne. Franchement, vous ne pensez pas que j’ai assez de problèmes ici pour aller me mêler de ceux de la Côte d’Ivoire ? Ce genre de manipulation un peu minable prêterait à sourire s’il ne se trouvait, hélas ! quelques naïfs pour y croire.
J.A.I. : Où et comment vivez-vous ?
F.B. : Je loue une maison, au quartier du PK12, auprès d’un citoyen centrafricain, car mon domicile a été détruit en novembre 2001. Je travaille ici, au Palais de la renaissance, que j’ai fait quelque peu réhabiliter. Mes journées de travail se prolongent souvent jusqu’à minuit, et mes moments de détente sont rares. Quand je peux décompresser, je vais en brousse et je vis plusieurs jours sous la tente, seul. Je marche, je chasse un peu, je médite.
J.A.I. : Ange-Félix Patassé était aussi un entrepreneur. Il faisait des affaires et ne s’en cachait pas, « pour participer au développement du pays », disait-il. Est-ce aussi votre cas ?
F.B. : Non. Je ne sais pas mélanger les genres. J’ai simplement gardé une station d’essence que j’avais acquise. Quelqu’un l’exploite pour moi.
J.A.I. : Vous avez pourtant, en juin 2004, effectué un discret voyage à Düsseldorf, en Allemagne. D’aucuns prétendent que vous y êtes allé vendre des diamants à titre privé…
F.B. : Faux. Je me suis effectivement rendu à Düsseldorf pour y rencontrer un prince arabe du Golfe qui souhaitait investir en Centrafrique. La rencontre a eu lieu, et les perspectives sont prometteuses. Mais cette histoire de diamants relève du pur fantasme. Je travaille pour mon pays et, dans ce cadre, toutes les opportunités valent d’être examinées, même si je dois pour cela me déplacer et mouiller ma chemise.
J.A.I. : Et votre famille ?
F.B. : Je veille à ce que ses activités n’empiètent pas sur la bonne marche de l’État. La première dame, mon épouse Monique, a fondé une ONG à but strictement humanitaire.
J.A.I. : On dit souvent que les chefs d’État africains se méfient des fétiches laissés par leur prédécesseur. Est-ce votre cas ?
F.B. : Je suis un chrétien pratiquant, je vous l’ai dit.
J.A.I. : Pourtant, vous n’avez pas réoccupé le bureau qui était celui d’Ange-Félix Patassé.
F.B. : C’est exact. Je ne suis pas allé jusque-là. Mais n’y voyez rien d’occulte : j’ai voulu changer, c’est tout.
J.A.I. : Qu’est-ce que le pouvoir, pour vous ?
F.B. : Un moyen de réaliser les aspirations qui sont les miennes pour la Centrafrique. Mais je sais que le pouvoir peut aussi user et réduire la capacité d’appréciation des problèmes. Je me remets donc constamment en cause. Je n’ai pas de parti, je me situe au-dessus de la mêlée, je suis peu influençable : autant de caractéristiques qui sont, je crois, des atouts précieux pour ce pays.
J.A.I. : C’est une déclaration de candidature !
F.B. : Je vous le répète : soyez patient.
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