De Gaulle ou la Chine ?

Publié le 4 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Si l’URSS perd du terrain au sein de l’élite africaine, la Chine populaire et, sur un plan bien différent, la France du général de Gaulle apparaissent comme les puissances vers lesquelles se tournent aujourd’hui les regards d’une bonne partie de l’opinion africaine. [] Est-ce parce que de Gaulle s’est finalement rallié à l’idée de l’indépendance totale de l’Algérie ? Oui, mais ce n’est pas tout. Sa politique indépendante, et souvent critique, vis-à-vis des États-Unis, sa reconnaissance de la Chine populaire, [] son soutien à la politique du prince Sihanouk du Cambodge, son aide continue à Ben Bella, son rapprochement avec le monde arabe, sa décision de liquider graduellement les forces et les bases militaires françaises en Afrique, le renforcement de ses relations économiques avec Cuba, son refus d’apporter un soutien à Tshombé, ses critiques à l’égard de l’intervention américaine au Congo, enfin sa décision de ne pas s’aligner sur les États-Unis et la Grande-Bretagne dans l’affaire chypriote sont autant de facteurs qui ont accru sa popularité et son prestige personnels à travers l’ensemble du continent. Certes, tout n’est pas également appréciable dans sa politique, et on peut lui reprocher ses sautes d’humeur à l’égard de la Tunisie, ses hésitations à prendre parti contre le régime de l’apartheid en Afrique du Sud, ou encore l’intervention brutale des forces françaises au Gabon. []
Quant aux Chinois, lorsque j’avais demandé au Premier ministre Chou En-lai comment il envisageait l’avenir des rapports entre la Chine et le continent africain, ne m’avait-il pas dit : « On nous accuse de faire preuve de racisme lorsque nous parlons des liens indéfectibles qui nous unissent aux autres peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Mais ce que veulent délibérément ignorer nos détracteurs, c’est que les puissances dites économiquement développées et industrialisées ne sauraient avoir des « intérêts communs » et des « objectifs similaires ». Le conflit fondamental n’est pas entre l’Ouest et l’Est, mais entre le Nord et le Sud, il est dans le refus du Nord de comprendre que la paix est illusoire s’il ne cherche pas à combler le fossé qui le sépare
du Sud… Nombreux sont les dirigeants africains auxquels ces réalités nouvelles de l’Afrique des années 1960 n’ont pas échappé.

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