Une catastrophe économique

Publié le 28 juillet 2003 Lecture : 2 minutes.

Que l’épidémie de sida ait des répercussions sur l’économie des pays touchés, les experts le signalent depuis quelques années déjà. Mais à en croire « Economic Costs of Aids », le rapport publié le 23 juillet par la Banque mondiale, les dégâts pourraient se révéler beaucoup plus importants que prévu. Jusqu’à présent, on estimait que l’épidémie entraîne chaque année, dans les pays à fort taux de prévalence, une perte d’environ 1 % de croissance du Produit intérieur brut (PIB). Selon la Banque, cette réduction du PIB atteindrait en réalité dans certains États (comme l’Afrique du Sud, voir encadré) 2 % par an. Et de conclure que, si rien n’est fait, le PIB par habitant y aura chuté de 50 % dans trois générations.

Comment les conclusions de ce rapport peuvent-elles être aussi différentes des précédentes ? Simplement parce qu’auparavant les recherches portaient uniquement sur les coûts directs causés par la présence d’un malade dans un foyer – une source de revenus en moins et des dépenses liées aux soins en plus.

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Mais la Banque mondiale a, pour sa dernière étude, estimé que le décès d’un adulte n’affectait pas que sa génération, que la suivante en subissait également le contrecoup. Ainsi, un enfant devenu orphelin de père et/ou de mère se retrouve privé de l’affection et de l’éducation qui auraient favorisé son insertion dans la vie active. De même, un adulte qui meurt, c’est autant de connaissances acquises depuis la naissance qui ne pourront être mises au service de l’économie du pays. Enfin, on observe une tendance inquiétante dans des pays fortement contaminés : par crainte d’avoir investi de l’argent pour rien si leur enfant contracte le virus, certains parents restreignent les dépenses dans leur scolarité.
Ces considérations économiques seront peut-être plus efficaces que les chiffres sur les ravages causés par la maladie dans les populations pour convaincre, à Cancún (Mexique), en septembre prochain, les participants à la réunion de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qu’il faut agir rapidement. Il sera là encore question de l’accès aux médicaments.

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