Seun Kuti

Publié le 1 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

C’était le 2 août 1997, Fela Anikulapo Kuti, le pape de l’afrobeat, disparaissait. Aujourd’hui pourtant, son esprit vit toujours. Ce miracle, on le doit au talent de ses deux fils, Femi et surtout Seun, le benjamin de la famille. Star au Nigeria alors qu’il n’a jamais sorti d’album sous son nom propre, considéré comme le successeur de son père, Seun va jusqu’à imiter la gestuelle de Fela lors de ses concerts. Le mimétisme semble parfait.
C’est pourtant Femi, fils de Remy, l’épouse légitime de Fela, qui a eu droit à tous les égards : une éducation plus européenne qu’africaine, renforcée par l’obligation d’aller à l’école, et une attention toute particulière accordée par l’entourage proche de Fela. Il a été le premier à intégrer le groupe des Egypt 80 et à être dirigé par son père. Seun, dernier fils de Fela et de sa choriste Fehintola, a aussi vécu avec les Egypt 80. Il n’avait que 8 ans le jour où il est monté pour la première fois sur scène au côté de son père. Mais Seun a passé le plus clair de son temps dans les répétitions, avec sa mère.
La rivalité entre Femi et Seun existe bel et bien. Femi a même fait établir un test ADN afin de vérifier que son demi-frère était bien un descendant biologique de Fela… Il y a deux ans, alors que Seun désirait sortir un album posthume avec les Egypt 80, son illustre demi-frère fit bloquer les bandes en proclamant que seul les réels créateurs de la musique de Fela avaient le droit de la jouer : à partir de 1984, lui-même avait remplacé son père lors de ses nombreuses arrestations pour opposition aux différents régimes politiques du Nigeria.
Le pays n’a découvert Seun que le jour des funérailles de Fela, où il est venu avec les Egypt 80 pour perpétuer le souvenir de son père. À partir de l’année 2001, le vent a enfin tourné pour lui grâce à une série de concerts donnés au Centre culturel français (CCF) de Lagos. Tous les week-ends, la salle du CCF s’est transformée en un nouveau Shrine – la salle de concert de Fela. Les spectateurs ont eu l’impression de voir le fantôme de Fela sur scène : même voix, même gestuelle, même énergie. Ces concerts ont permis à Seun de reprendre le flambeau, accompagné de musiciens souvent trois fois plus âgés que lui. Et de montrer ses talents d’interprète et de compositeur. Une seule question se pose aujourd’hui : combien de temps Seun acceptera de continuer à vivre la vie de son père ?

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