RSF, persona non grata à l’ONU
Publié le 28 juillet 2003 Lecture : 1 minute.
Le 24 juillet, à l’issue d’un vote du Conseil économique et social de l’ONU (Ecosoc), l’accréditation à l’ONU de l’organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF) a été suspendue pour un an. Vingt-sept États ont voté pour, 23 contre, et 4 se sont abstenus. On reproche à l’ONG d’avoir, le 17 mars, perturbé l’ouverture de la session annuelle de la Commission des droits de l’homme (CDH) en lançant des tracts et en déployant une banderole dénonçant l’élection d’une Libyenne à la présidence de ladite CDH. L’ONG ne pourra pas participer aux futures réunions des Nations unies, dont la prochaine session de la CDH.
« Cela ne gênera en aucune manière nos activités. La CDH est devenue le lieu de tous les compromis. C’est une telle mascarade que la voix des ONG ne peut peser dans ce cadre, où des régimes dictatoriaux essaient de se mettre à l’abri. Quant à la décision elle-même, elle est honteuse et ubuesque », commente le directeur de RSF, Robert Ménard. Son organisation a d’ailleurs aussitôt réagi en publiant sur Internet (www.rsf.fr) un rapport intitulé « Marchandages, incompétence et non-action » qui détaille les dérives et les échecs de la CDH et propose une réforme radicale de son mode de fonctionnement.
Parmi ceux qui ont voté la suspension, on compte bien entendu Cuba, la Chine et la Libye, mais aussi nombre de pays africains, très « solidaires » en la matière. « C’est invraisemblable, s’exclame Robert Ménard, les États africains ont voté comme un seul homme ! Seul le Sénégal a sauvé l’honneur ! Mais qu’a à faire le Bénin – qui respecte les droits de l’homme et la liberté de presse – aux côtés du Zimbabwe ? Et quelle honte pour l’Afrique du Sud, qui vient de fêter le 85e anniversaire de Mandela et vote aujourd’hui contre tous les principes qu’il incarne ! » On l’aura compris, l’ONG n’attendra pas d’avoir récupéré son accréditation pour clamer haut et fort ses convictions.
