Quand Wolfowitz plaide sa cause

Publié le 28 juillet 2003 Lecture : 2 minutes.

Le hasard fait décidément bien les choses. Le 21 juillet, Paul Wolfowitz, le numéro deux du Pentagone, se trouvait à Mossoul, au Kurdistan irakien, où, devant un thé à la menthe, il s’est longuement entretenu avec les responsables de l’administration communale mise en place par les forces d’occupation. Le lendemain, dans cette même ville, Oudaï et Qoussaï, les deux fils de Saddam Hussein, étaient éliminés par les hommes des forces spéciales et de la 101e division aéroportée (voir pp. 12-13). Le surlendemain, Barzan Abd el-Ghafour Souleyman Madjid el-Tikriti, l’ancien chef de la Garde républicaine spéciale, le corps d’élite du régime défunt, était à son tour arrêté. « Je me sens très encouragé par ce que j’ai vu ici, la situation est bien meilleure que je ne l’imaginais », a commenté le secrétaire adjoint à la Défense, à l’issue de son séjour. Un optimisme sans doute excessif.

Sa tournée d’inspection à travers le pays, du 17 au 21 juillet, n’a pu avoir lieu que sous très, très haute protection : convoi lourdement armé, hélicoptères d’attaque… Il est vrai qu’une quarantaine d’Américains ont déjà été tués depuis la fin officielle des hostilités, le 1er mai… « De tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés ici, l’insécurité est de loin le plus sérieux », a reconnu Wolfowitz. Pourtant, à l’en croire, seule « une toute petite minorité d’Irakiens aidée par quelques étrangers » lutte les armes à la main. Cette « petite minorité » comprend quand même, de son propre aveu, 8 000 « feddayine de Saddam », la milice créée par feu Oudaï, et 15 000 hommes des ex-services de sécurité opérant de manière de plus en plus autonome, par petits groupes de cinq ou six. Plus grave encore, de nombreux chefs religieux, chiites aussi bien que sunnites, appellent eux aussi à chasser les Américains et à combattre par tous les moyens le Conseil de gouvernement transitoire ce « monstre inacceptable qui divise les Irakiens », comme dit l’imam d’une mosquée de Bagdad -, mis en place le 13 juillet.
Par ailleurs, l’exaspération de la population est à son comble. Les services de Paul Bremer, l’administrateur américain, éprouvent les plus grandes difficultés à assurer les services publics de base – électricité et eau courante -, et à relancer l’activité économique. « Nous ne sommes pas des dieux, a commenté Wolfowitz. Nous pouvons faire beaucoup de choses, mais cela prendra du temps. » Ou encore, sur un mode plus imagé : « La construction de la démocratie n’a rien à voir avec celle d’une maison. Elle ressemble plutôt à la création d’un jardin : il faut désherber, arroser régulièrement et… s’armer de patience. Avec un peu de chance, on obtient alors quelque chose de magnifique. »

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Apparemment, il faudra aussi beaucoup de patience pour obtenir des précisions sur les armes de destruction massive que Saddam Hussein était censé posséder, bien que mille cinq cents spécialistes américains aient été dépêchés sur le terrain. En tout cas, Wolfowitz n’en a soufflé mot au cours de son périple irakien. Il est vrai qu’il ne s’agissait, selon ses propres termes, que d’un « prétexte bureaucratique » pour justifier une intervention militaire.

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