Le dernier des explorateurs

Ce Britannique manifestait un goût immodéré pour le danger…

Publié le 1 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Il n’aimait pas le téléphone, encore moins la télévision, mais était passé maître dans l’art délicat de la circoncision. Le désert était toute sa vie, mais c’est dans le Surrey (Grande-Bretagne) que l’explorateur britannique Wilfred Thesiger est décédé, le 24 août. Il avait 93 ans et manifestait, depuis des décennies, un amour immodéré pour l’inconfort et le danger. « Je suis allé en Arabie du Sud juste avant qu’il ne soit trop tard, écrivait Thesiger dans Arabian Sands, en 1959. D’autres assurément s’y rendront […], mais en voiture et avec la radio. Ils en rapporteront sans doute des renseignements plus utiles que les miens, mais ils ne pourront saisir l’âme secrète de ce pays. »
Thesiger naît en 1910, dans une hutte en torchis d’Addis-Abeba où son père représente l’Empire britannique. Il a 6 ans lorsqu’il assiste au défilé triomphal du rastafari après la défaite de Lij Yasou, 20 lorsqu’il se rend au couronnement de Haïlé Sélassié et 23 lorsqu’il remonte le fleuve Aouach, résolvant ainsi l’un des derniers mystères de la géographie africaine. La vie aventureuse de Wilfred Thesiger est en marche. Au début des années 1940, il aide la résistance abyssinienne à chasser l’occupant italien puis, en 1945, traverse le désert du sud de l’Arabie, dans la plus pure tradition des explorateurs du XIXe : à dos de chameau. « Ici, écrira-t-il, j’ai trouvé tout ce que j’espérais et j’ai su que je ne le retrouverais jamais plus. »
Au début des années 1950, il pousse jusqu’en Afghanistan avant de s’installer quelque part entre Nassiriya et Bassora, dans l’actuel Irak. Sur les bords du Tigre et de l’Euphrate, il collecte joncs et plantes aquatiques rares pour le British Museum. Thesiger y passera huit ans tout en se définissant comme « une personne extrêmement conventionnelle ». Sauf qu’à Maralal (nord du Kenya) où il a vécu, Thesiger avait construit une masure sans eau courante ni électricité. C’est même là qu’il aurait aimé finir, si la mort n’avait pas d’abord emporté les deux hommes qu’ils considéraient comme ses fils. Des fils auxquels Thesiger avait demandé de laisser son cadavre exposé au soleil à la disposition des chacals.

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