La Libye finira par céder

Publié le 1 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Après avoir reconnu officiellement la responsabilité de ses « fonctionnaires » dans l’attentat de Lockerbie de 1988, accepté le verdict en pénal contre l’un deux (condamné à la prison à vie) et payé 2,7 milliards de dollars aux parties civiles, l’État libyen envisage aujourd’hui de verser des « compensations » aux victimes de l’attentat de 1986 contre une discothèque à Berlin. Son intermédiaire attitré est, en l’occurrence, la fondation charitable de Seïf el-Islam Kadhafi, fils du « Guide de la révolution libyenne ».
Seïf el-Islam a par ailleurs accepté, en février 2002, de rouvrir le dossier du DC-10 d’UTA. La promesse en a été faite à l’hôtel Crillon, à Paris, au porte-parole du collectif des victimes, Guillaume Denoix de Saint-Marc, dont le père figure parmi les 170 passagers du vol UT 772 Brazzaville-Paris qui a explosé le 19 septembre 1989 au-dessus du désert du Ténéré (Niger). Cet engagement est aujourd’hui contesté en Libye par les tenants d’une politique exclusivement proaméricaine, ainsi que par le beau-frère de Kadhafi, Abdallah Senoussi, l’un des six condamnés libyens à la prison à vie par la cour d’assises de Paris (jugement rendu par contumace le 31 mars 1999).
Le versement de 10 millions de dollars pour chacune des victimes de Lockerbie a contribué à rouvrir le dossier du DC-10. Obtenue après plusieurs années de négociations américano-anglo-libyennes, cette « indemnisation » est exorbitante comparée à celle décidée par la cour d’assises de Paris : 3 000 à 30 000 euros selon le lien de parenté entre les victimes
et leurs ayants droit. Toutefois, contrairement à ce que plusieurs médias ont laissé entendre, la relance de l’affaire du DC-10 ne concerne pas le volet civil du verdict français, mais son volet pénal, c’est-à-dire l’exécution de la sentence contre les six agents libyens, dont Senoussi. Comme la Libye refuse de les livrer à la justice, le porte-parole des victimes a demandé dès 2002 à Seïf el-Islam « une compensation à même de réparer le préjudice moral subi par les familles des victimes ». C’est seulement quand
la France a menacé d’opposer son veto à la levée définitive des sanctions onusiennes contre la Libye que Tripoli s’est fâché et que les négociations avec Seïf el-Islam ont été contrariées. Les négociateurs français se sont vu signifier, le 26 août, à la dernière minute, le refus par les autorités aéroportuaires de Tripoli du plan de leur vol (à bord d’un Falcon 50), le même pourtant que celui accepté lors du précédent voyage du 21 août. Le gouvernement libyen, qui reprendra le dossier en main, n’aura pas d’autre choix que de s’incliner, car le veto français est juridiquement fondé sur le texte même des résolutions 731 et 748 du Conseil de sécurité imposant en 1992 les sanctions contre la Libye. Leur levée est conditionnée par le règlement définitif non pas de la seule affaire Lockerbie, mais des deux affaires.

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