Vos lettres et e-mails sélectionnés

Publié le 1 septembre 2003 Lecture : 3 minutes.

Cachez-moi ce bout…
Même si nous connaissons le côté provocateur de Francis Kpatindé, il devrait quand même être un peu plus responsable dans ses propos (« Post-Scriptum », J.A.I. n° 2222-2223). Qualifier d’objets de pudeur et de charme un hijab, une abaya, voire un burqa, relève vraiment d’un manque de considération pour toutes celles et tous ceux qui luttent (parfois au péril de leur vie) contre la négation du libre arbitre féminin, à cause de morceaux de tissu (« affreux torchons », comme le disait, je crois, Bourguiba) qui fait ressembler les femmes au mieux à des « têtes d’oeuf » (hijab), au pire à des fantômes (burqa).
Qu’un intellectuel puisse ainsi apporter de l’eau au moulin des barbus, relève de l’inconscience. Alors, pour prendre M. Kpatindé au mot, proposons lui de tester ce charme vestimentaire et d’être aussi « excitant ». Qu’il soit « chic et fantaisiste », et arbore un « aphrodisiaque » burqa. Par ces temps caniculaires, il appréciera certainement la chose. Il comprendra surtout ce que c’est que vivre dans une prison de coton !
Espérons qu’il changera alors de point de vue, et modérera ses provocations.

Où est passée l’opposition ?
Si Jeune Afrique/l’intelligent n’existait pas, il faudrait l’inventer. C’est certain. Merci donc à toute l’équipe qui diffuse tant d’informations combien indispensables sur le continent et procède à des analyses multiples pour aider à la réflexion des lecteurs.
Cependant (il faut bien en arriver aux choses moins agréables), je voudrais vous dire que j’ai été outré par le Plus sur le Burkina, publié dans le numéro 2221. Ce qui me choque, c’est que les articles de ce Plus sont trop élogieux à l’égard du pouvoir. Pourquoi vos journalistes n’ont-ils pas parlé de l’opposition ? Pourquoi n’ont-ils pas remarqué qu’on est en pleine régression démocratique, avec la loi proposée pour revoir le code électoral dans le but de réduire l’opposition ?

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Palestine = peau de chagrin
J’aimerais revenir sur la « Mention bien » accordée par vous à Jonathan Cook de l’International Herald Tribune, à propos de la part de leur propre terre finalement consentie par Sharon aux Palestiniens (« Une cage pour les Palestiniens », J.A.I. n° 2219).
Selon les chiffres de Cook, c’est, en dernière analyse, sur pas même 7,4 % (exactement 7,392 %) de leur « terre ancestrale » qu’Israël permet aux Palestiniens de construire leur État en deux minuscules territoires disjoints et non viables.
Israël aura ainsi accru de près de 40 % le territoire que les Nations unies lui avaient octroyé en 1947. Autrement dit, Israël s’étendra, au dernier partage connu, sur près de 93 % de la Palestine historique, contre 82 % en 2000, 78 % en 1993 et 53 % en 1947.

Voile et décolleté : deux intégrismes
Dans votre numéro double, du 10 au 23 août 2003, Marwane Ben Yahmed a appelé les lecteurs à débattre sur ce que vous avez appelé « un choc des cultures », manifesté par deux comportements opposés de la femme, illustrant, selon lui, deux conceptions diamétralement opposées.
D’un côté, il y a la femme musulmane fondamentaliste, voilée jusqu’aux dents, protégeant contre les yeux étrangers chaque morceau de son corps, considéré comme objet de tentation. Des pieds jusqu’à la tête, cette femme est recouverte d’un voile noir, et, comme si cela ne suffisait pas, elle ajoute des gants et des chaussettes, tous noirs, eux aussi.
De l’autre, il y a la femme occidentale ou « occidentalisée » manifestant à l’extrême la liberté d’exprimer sa personnalité et de montrer sa beauté jusqu’à exposer les endroits les plus intimes de son corps.
En vérité, ces deux conceptions, totalement opposées en apparence, ont le même fondement et procèdent du même jugement de valeur : la femme, considérée comme objet de consommation. D’un côté, il faut protéger la femme, sa beauté, de la convoitise des hommes. Dans cet ordre d’idées, « voir » serait en quelque sorte « consommer ». De l’autre, la femme bénéficie, a priori, d’une liberté, somme toute naturelle, celle de se vêtir ou de se dénuder. À des fins de séduction ou commerciales.
En vérité, les deux conceptions sont le reflet d’une vision de la femme et de l’homme dans leur état d’animalité, qui considère que l’être humain réagit plus par instinct qu’il ne raisonne. Toutes deux sont intégristes.
Heureusement, il existe une autre façon de voir et d’être, qui consiste à considérer la femme comme un être humain tout court, à l’égal de l’homme, qui n’a besoin ni d’être voilée ni exposée. L’homme peut être sensibilisé par autre chose que par le sexe.

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