Fusion 29/07/2003, Bush et Blair : des excuses !

Publié le 28 juillet 2003 Lecture : 7 minutes.

Bush et Blair : des excuses !
Les conséquences de la conquête de l’Irak par les Anglo-Saxons continuent à défrayer la chronique. La thèse soutenue hier d’une détention d’armes de destruction massive par l’Irak est aujourd’hui contredite, comme le montrent les tensions entre les dirigeants politiques américains et britanniques et leurs services secrets respectifs. Bush et Blair payent aujourd’hui le prix de leur politique dans le Golfe. À Bush et à Blair de présenter des excuses aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) humiliés alors qu’ils exerçaient librement leurs fonctions en Irak. Et à la France et à l’Allemagne traitées de pays de la « vieille Europe » à cause de leur position contre cette guerre inutile.

Comment identifier une démocratie ?
Je me permets de répondre à la demande « d’examen critique » adressée aux lecteurs par Béchir Ben Yahmed dans l’éditorial de J.A.I. n° 2214, dans lequel il propose un critère pour identifier une démocratie : l’alternance rapprochée du pouvoir (« dix ans, ça suffit ! »). Il ne me semble pas que ce critère puisse être absolu, infaillible ou universel.
Je donnerai le contre-exemple qui vient tout de suite à l’esprit : celui des États-Unis. Il s’agit d’une nation qui vérifie bien le principe « d’alternance rapprochée » garanti par la Constitution américaine (maximum de deux mandats présidentiels).
S’agit-il encore d’une démocratie ? J’ose d’autant plus facilement affirmer qu’elle a cessé de l’être que je suis loin d’être le seul à le penser. Est-ce qu’un pays mérite encore ce label lorsque ses citoyens sont autant manipulés par les médias et la classe politique (il suffit de voir les sondages d’opinion sur les prétendues armes de destruction massive de l’Irak et les liens supposés de Saddam Hussein avec el-Qaïda) et lorsque leurs intérêts comptent peu par rapport à ceux des puissants lobbies et des grandes firmes ?
Je n’entends pas beaucoup de voix outre-Atlantique qui s’élèvent contre ce totalitarisme. L’originalité de la démarche de BBY réside dans le fait qu’elle constitue une tentative d’identifier la démocratie, au moyen d’un critère observable, mesurable, et de ce fait donnant lieu à l’unanimité. Sans pour autant dénigrer les « sciences exactes », je vous avoue que je ne suis pas convaincu par cette tentative et cette tentation.
Cependant, le critère que vous avez dégagé demeure à mon sens pertinent dans une approche « non exclusive » et pourrait par conséquent être inséré dans un ensemble d’indicateurs pouvant caractériser une démocratie.

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Continent imprévisible
L’Afrique vient encore de faire un pas en arrière avec un énième coup d’État. Le putsch à São Tomé e Príncipe vient rappeler à ceux qui semblaient l’avoir oublié que nous sommes bien en Afrique, continent imprévisible. Heureusement, la récente élection unanime d’Alpha Oumar Konaré à la tête de la toute jeune Union africaine rappelle que nous avons de temps en temps la volonté de nous entendre pour mener à bien le développement du continent, qui a plus besoin de solidarité que de déchirements et de haine entre ses fils.

Bush en Afrique
Lecteur assidu de J.A.I. depuis peu, j’ai beaucoup apprécié l’article de François Soudan, « La politique de Tarzan », paru dans le n° 2218, dans lequel il révèle le vrai visage de George W. Bush et de son clan, au regard du mépris affiché par ceux-ci vis-à-vis du continent africain et de ses hommes politiques.
Pour ma part, j’aurais volontiers sacrifié quelques dollars d’aide américaine rien que pour le plaisir d’entendre mon président Amadou Toumani Touré dire non à Bush. Lui et ses acolytes pensent que la survie des Africains est liée à l’aide financière qu’ils octroient à l’Afrique, une aide très médiatisée mais apparemment fictive, d’après le professeur américain Jeffrey Sachs, cité dans le « Ce que je crois » de Béchir Ben Yahmed dans le même numéro de J.A./l’intelligent.

Les femmes gagnent aussi
Je voudrais féliciter et rendre hommage à Élisabeth Tankeu (ancienne ministre au Cameroun) qui vient d’être élue, à 59 ans, présidente de la Commission du commerce et de l’industrie de l’Union africaine.
Cela prouve que les femmes africaines ne sont pas faites que pour des tâches ménagères et dément un tout petit peu cette assertion de Béchir Ben Yahmed dans J.A.I. n° 2218 : « Dans une situation de compétition, les hommes montrent plus de volonté de gagner que les femmes…

Des mots creux
Originaire de la République démocratique du Congo, j’ai cherché en vain à comprendre le véritable sens des mots « démocratie », « droits de l’homme » et « justice ».
Mobutu Sese Seko a fait tout ce qu’il a voulu, et ce pendant très longtemps, sans jamais être inquiété. Simplement parce qu’il faisait l’affaire de l’Occident. C’est la raison pour laquelle beaucoup d’entre nous connaissent en ce moment les affres de l’exil, c’est-à-dire le racisme, l’humiliation et l’exclusion. Les Européens ont « gâté » nos pays en soutenant les pires dictatures. Lorsque nous venons chercher refuge chez eux, ils nous chassent. Au nom de quelle justice ?

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Élection tronquée
Le 10 juillet dernier, à Maputo, le Malien Alpha Oumar Konaré a été « élu » premier « président de l’Afrique ». Seulement, ce n’est pas la personnalité de ce dernier qui suscite mon intérêt, encore moins l’Union africaine (je n’y crois pas beaucoup), mais plutôt la manière dont le président de la Commission a été choisi. Je me demande si on peut parler d’élection avec un seul candidat au départ.

Et les autobus ?
J’ai lu avec attention le dossier « Transport » de J.A.I. n° 2218 qui, une fois n’est pas coutume, réserve une page au transport public. L’article de François Ploye, bien que court, résume assez bien le dilemme des agglomérations africaines. D’une part, elles ont la possibilité de ne rien faire, c’est-à-dire de favoriser un développement anarchique fondé sur l’utilisation de l’automobile et des moyens de transport non organisés, option qui affecte le moins les dépenses publiques à court terme mais qui s’avérera catastrophique sur les plans économique, social, et environnemental à plus long terme. D’autre part, elles peuvent choisir de développer des solutions de transport collectif à grande capacité et/ou d’organiser quelque peu le transport informel. Toutefois, dans la panoplie de solutions présentées dans votre article, le bus a été omis alors qu’il connaît une renaissance sans précédent en Amérique du Sud. Ainsi dans des villes comme Bogotá (Colombie), Porto Alegre (Brésil) ou Quito (Équateur), des lignes de bus à grande capacité permettent de transporter jusqu’à quarante mille passagers par heure. Ces performances ont été atteintes non seulement par le recours à du matériel approprié et des fréquences élevées, mais surtout en réservant une grande partie des voies à l’usage exclusif du transport public pour que les autobus ne soient pas pris dans les embouteillages. Pour cela, il faut une volonté politique forte en faveur des transports publics qui n’existe peut-être pas assez dans nos villes africaines.

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La renaissance de l’espoir
L’élection de l’ex-président malien Alpha Oumar Konaré à la tête de la Commission de l’Union africaine est salutaire et pleine d’espérance. Cet acte responsable démontre à quel point les mentalités en Afrique commencent à évoluer dans le bon sens. L’une des priorités auxquelles devrait s’atteler la Commission est de tout mettre en oeuvre pour trouver des solutions à long terme aux multiples conflits qui minent certaines régions. Il faut aussi donner un nouveau souffle à la politique africaine en rapprochant davantage le continent du reste du monde par des échanges économiques justes et équitables.

L’unité est sauve
Passé l’émotion et la surprise consécutives au retrait de la candidature d’Amara Essy à la présidence de la Commission de l’Union africaine, je voudrais saluer ici, malgré ma tristesse et ma désolation, un grand homme d’État, un grand panafricaniste, le président Laurent Gbagbo. Grâce au génie politique du président Gbagbo, l’unité de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) est sauve. Et, avec elle, celle de l’Afrique. Merci Essy, bravo Gbagbo, félicitations Konaré.

Mise au point
Lecteur assidu de Jeune Afrique/l’intelligent, je tiens à apporter certains éclaircissements sur un de vos articles, paru dans le n° 2210 et intitulé « Marabout en cavale ». Je souhaite remettre dans leur contexte certains détails de l’article.
Abou Abel Thiam (votre correspondant au Sénégal) a indiqué qu’un « promoteur immobilier véreux » s’était réfugié chez le défunt khalife général des Layènes pour ensuite quitter le Sénégal pour d’autres cieux. Le journaliste a omis de signifier que ce dernier a refusé de soutenir le fugitif en raison du lourd préjudice que l’homme d’affaires avait causé à de nombreuses personnes.
Il était impensable pour la communauté des Layènes, par la voix de son représentant, de cautionner un hors-la-loi alors que ses méfaits constituent une déviance allant à l’encontre des valeurs prônées dans le Coran et les Hadiths.
Pour ces raisons, le promoteur a été sommé de quitter la résidence du khalife. Il a ensuite été recueilli par un autre dignitaire religieux, un parent à lui. J’apporte ces précisions afin de montrer que l’ensemble des confréries religieuses du Sénégal, qui ont une place prépondérante dans le système social et politique du pays, reprennent la parole de Dieu et les lois de la République.
En somme, il n’y a pas au pays de la Téranga de loi à deux vitesses : le politique et le religieux oeuvrent conjointement dans la recherche de l’harmonie sociale.

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