Coopération et canicule
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Avec la canicule qui vient d’endeuiller gravement la France, les Africains ont perdu une belle occasion de donner un contenu au terme « coopération », défini par Le Petit Robert comme une « politique par laquelle un pays apporte sa contribution au développement économique et culturel de nations moins développées ».
On aurait, en effet, pu imaginer les Nigériens, les Tchadiens, les Mauritaniens ou les Namibiens, coutumiers de fortes chaleurs, se précipitant à Paris pour expliquer aux uns et autres comment survivre – ou tout bonnement vivre – à 40 °C à l’ombre. Des sages de Tombouctou, Nzérékoré, Dire Dawa, de Djibouti et d’ailleurs auraient dû également faire le déplacement pour témoigner du fait que la canicule, en Afrique, se plaît en la compagnie des personnes âgées. Des intellectuels du continent auraient profité de la circonstance pour rappeler, sur des planches désertées par les intermittents du spectacle en grève, ces fameux vers de David Diop :
Hommes étranges qui n’étiez pas des hommes,
Vous saviez tous les livres,
Vous ne saviez pas l’amour.
De même, les Marocains, prompts, hier, à voler au secours des Burkinabè et des Sénégalais frappés par la sécheresse, auraient dû dépêcher illico leurs avions briseurs de nuages pour atténuer les souffrances du peuple français. Ils auraient pu mettre à contribution les bokonons et autres prêtres vodu béninois, capables, depuis des temps immémoriaux, de faire la pluie et le beau temps. Les Tunisiens et les Maliens auraient dû envoyer par camions entiers leurs surplus de pastèques. Par temps de canicule, il n’y a rien de mieux pour étancher sa soif !
Faute d’avoir, comme on dit, « actionné les mécanismes » de la coopération, les Africains portent – au même titre que le gouvernement Raffarin – leur part de responsabilité dans l’hécatombe : 11 500 personnes décédées de la canicule au mois d’août, selon des chiffres fournis le 29 août par le ministère français de la Santé. Ce sont, pour la plupart, des vieillards isolés chez eux, oubliés dans des hospices ou abandonnés de leurs proches (sic). Le scandale est tel que plusieurs centaines d’entre eux, des morts anonymes, attendaient encore, à la fin août, dans des morgues improvisées que l’on retrouve des membres de leur famille, en vacances ou évanouis dans la nature, pour pouvoir disposer d’une sépulture décente.
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