Blues héréditaire

La dépression ne serait pas uniquement liée aux facteurs environnementaux. Elle serait également déterminée par un gène.

Publié le 28 juillet 2003 Lecture : 2 minutes.

A soucis égaux, certains plongent dans la dépression, d’autres résistent. Cette différence s’explique traditionnellement par une « force de caractère » plus développée chez les uns que chez les autres. La génétique vient d’apporter une autre explication. Un gène déterminerait la façon dont les hommes répondent au stress. Publiée le 18 juillet dans la revue Science, l’étude annonçant cette découverte a été menée sur un groupe de 847 Néo-Zélandais nés entre avril 1972 et mars 1973 et suivis de la naissance à l’âge adulte. L’équipe constituée de psychologues et de généticiens américains, anglais et néo-zélandais a recensé les événements stressants survenus entre les 21e et 26e anniversaires des témoins, et leurs réactions face à ces perturbations du quotidien. Ils ont pu mettre en évidence une relation entre leur réponse au stress et le gène 5-HTT. Ce gène, déjà connu, se trouve être le vecteur de la sérotonine, un neurotransmetteur cérébral qui sert de messager entre les cellules nerveuses du cerveau, les neurones. Il se trouve que le 5-HTT existe sous deux formes, une version dite « longue », et une « courte ». Les patients qui se sont révélés sujets à la dépression possèdent la version « courte » du gène, alors que ceux qui endurent des épisodes tristes en toute quiétude présentent le plus souvent la version longue. Comme lors de toute expérience scientifique, il est impossible de tirer des conclusions catégoriques. En effet, nous possédons tous deux copies de chaque gène. Dans la cohorte étudiée, 17 % des personnes présentaient deux copies de la version courte, 32 % deux copies de la version longue, et 51 % une copie de chaque. Parmi le groupe présentant une version courte et une longue, 33 % ont connu un épisode dépressif en réponse à des événements stressants. Cette proportion atteint 43 % chez ceux qui ont hérité de leurs parents deux gènes 5-HTT « courts ». En revanche, chez ceux qui ont reçu deux versions « longues », la dépression n’a été ressentie que par 17 % d’entre eux.
Toutefois, la dépression ne s’explique pas uniquement par la présence ou l’absence de tel ou tel gène. Les facteurs environnementaux jouent un rôle très important. Si plusieurs changements majeurs et douloureux surviennent simultanément, ou en des temps rapprochés, dans la vie d’un individu, il aura alors plus de difficultés à ne pas sombrer dans un état de déprime, qu’il possède la version « courte » ou « longue » du gène. Tout l’intérêt des conclusions de cette étude est justement de corroborer une opinion qui tend à se répandre dans la communauté scientifique : la plupart des maladies mentales et d’autres pathologies complexes ne peuvent être expliquées par des arguments génétiques ou environnementaux seuls, mais par une interaction entre eux.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires