Amadou Dia Ba

Premier médaillé olympique du Sénégal

Publié le 28 juillet 2003 Lecture : 3 minutes.

On l’a peut-être oublié. Mais avant l’épopée des Lions de la Téranga à la Coupe du monde asiatique en 2002, le Sénégal avait trouvé son héros. C’était il y a quinze ans aux jeux Olympiques de Séoul en 1988. Un jeune homme longiligne aux foulées amples lui avait offert la première médaille olympique de son histoire. El Hadji Amadou Dia Ba – c’est son nom – s’était alors hissé sur la deuxième plus haute marche du podium, à l’issue du 400 mètres haies, laissant derrière l’Africain-Américain Edwin Moses qui régna plus de dix ans durant sur la discipline (115 victoires d’affilée). Le Sénégal brillait d’argent dans le ciel de la capitale sud-coréenne. Et retiendra plus cette consécration que la bombe du sprinter canadien Ben Johnson confondu de dopage sur l’épreuve reine du 100 mètres.

En remportant la médaille d’argent du 400 mètres/haies, Dia Ba, comme on l’appelle affectueusement, devenait un symbole pour ses jeunes compatriotes dont un grand nombre arborait sa coupe de cheveu. Le look a changé depuis. Aujourd’hui, l’homme, en costume et cravate, occupe un grand bureau, éprouve quelques difficultés à se retrouver dans un agenda surbooké de réunions, séminaires et autres rendez-vous aux quatre coins du monde… Pour le compte de l’Association mondiale des olympiens, dont il est un membre actif, il est souvent entre deux avions. Sinon, il s’occupe de l’encadrement de techniciens sportifs africains. Depuis deux ans, il est en effet le directeur du Centre régional de développement de Dakar (CDR), créé par la Fédération internationale des associations d’athlétisme, que dirige son compatriote Lamine Diack. Dix-neuf fédérations francophones et six lusophones envoient dans ce centre des cadres et techniciens pour des séminaires de perfectionnement.
De son bureau, au stade Léopold-Sédar-Senghor, sur la route de l’aéroport du même nom, Dia Ba a vue sur la pelouse et la piste d’athlétisme. Et peut regarder les jeunes qui prennent d’assaut les gradins pour suivre les Lions, les foulées d’Ami Mbacké Thiam, championne du monde sur 400 m, en 2001, aux jeux d’Edmonton (Canada), ou les essais prometteurs de Ken Ndoye (deuxième performance mondiale, en 2003, au triple saut, avec 14,91 m).
Sans doute lui arrive-t-il alors de songer à sa mémorable ligne droite de Séoul. Après cette olympiade, Dia Ba est resté dans la haute compétition jusqu’en 1993. Participant à différents meetings à travers le monde, et, parallèlement, préparant à Paris son diplôme de professeur de sport. Celui-ci en poche, il intègre la direction technique de l’athlétisme français et devient l’adjoint de Fernand Urtebise, jusque-là son propre entraîneur.
Trois ans plus tard, en 1996, cap sur l’Arabie saoudite. Pendant quatre années, il y entraîne l’équipe nationale d’athlétisme. Un de ses poulains décrochera une deuxième place aux JO de Sidney en 2000. Jadis adulé par les foules et courtisé par des politiques en mal de reconnaissance auprès d’une jeunesse frondeuse, Dia Ba tombe un peu dans l’anonymat. Assez en tout cas pour se sentir oublié par l’État sénégalais, qui n’a pas cherché à mettre son expérience de sportif de haut niveau au profit de la jeunesse du pays. Lamine Diack viendra réparer le tort, qui l’invite à diriger le CDR de Dakar. Nous sommes en 2002, le premier médaillé olympique du Sénégal revient s’installer au pays.

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Entre-temps, il a fondé foyer et regarde grandir ses deux filles, qui ne manifestent aucune envie d’hériter du survêtement de papa. Lequel a pris dix kilos, que sa haute silhouette parvient quand même à cacher. C’est que, outre ses libéralités avec la cuisine, Dia Ba ne fait plus de sport. Même pas de footing. Lui, qui faisait treize foulées entre deux haies, jusqu’à la huitième, puis quatorze sur les deux dernières, ne presse plus le pas que pour ne pas rater ses vols qui le mènent d’une rencontre internationale à un séminaire. Où il retrouve de vieilles connaissances devenues des amis : Edwin Moses, le demi-fondeur marocain Saïd Aouita et sa compatriote Nawal Al Moutawakil, ancienne reine du 400 mètres haies. Du beau monde.

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