UEMOA : avant la prospérité, la sécurité

Publié le 2 juin 2014 Lecture : 2 minutes.

Ahmedou ould-abdallah est un diplomate mauritanien, ancien haut fonctionnaire de l’ONU, dont il fut le représentant spécial pour l’Afrique de l’Ouest entre  2002 et 2007.

"La défense est une chose beaucoup plus importante que l’opulence", écrivait dès 1776 Adam Smith, le père de l’économie moderne, dans La Richesse des nations. Deux siècles plus tard, confrontés à la montée de l’extrémisme violent, les dirigeants et les populations d’Afrique de l’Ouest ne renieraient sans doute pas cette réflexion.

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À sa création, il y a vingt ans, l’UEMOA avait pour objectifs la mise en place d’un marché commun ainsi qu’une meilleure compétitivité de ses acteurs régionaux… et non le financement de la lutte contre le terrorisme et la piraterie. Comme d’autres institutions du Sahel, elle s’est laissé rattraper par la réalité.

Les efforts d’intégration économique, de libre circulation et de promotion des investissements doivent en effet faire face à plusieurs menaces sérieuses. Il n’est pas question ici des contrôles tatillons – et intéressés – des services des douanes et de la police des frontières, mais bien d’agressions armées contre l’intégrité territoriale des états, comme ce fut le cas dans le nord du Mali entre 2012 et 2013. L’occupation sanglante du pays par une alliance de groupes hétérogènes, composés de jihadistes, d’irrédentistes et de trafiquants, a anéanti des années d’efforts et détruit de coûteuses infrastructures.

La dangerosité de la situation est démontrée chaque jour par des attaques terroristes – y compris contre de jeunes lycéennes nigérianes -, par les saisies de drogues et, surtout, par la présence visible de troupes étrangères venues en renfort. Les trafics divers (substances illicites, cigarettes, voitures et… migrants), la piraterie et le radicalisme terroriste recrutent, essentiellement chez les jeunes.

Ces violences prospèrent, en toute impunité, sur un terreau fertile, semé de réalités politiques infectées : faiblesses administratives, exclusion des opposants, crises identitaires, forte croissance démographique, manque de perspectives pour les jeunes… La corruption a entamé la crédibilité des gouvernements et brouillé leur rôle auprès des populations. Seule une nouvelle gouvernance, plus modeste dans l’attitude des dirigeants et des élites en général, pourra assainir le climat politique.

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Le manque de coopération stratégique entre le Sahel et le Maghreb – d’où proviennent les vecteurs de violences – aggrave une situation déjà explosive. Un Maghreb désuni, où l’extrémisme violent s’enracine en Libye et où la collaboration entre l’Algérie et le Maroc reste ­bloquée, constitue une source de pressions supplémentaires pour l’UEMOA et la bande sahélienne.

Gérer ou, du moins, contenir ces menaces transversales exige du travail. D’abord, il faut réussir à les identifier ; ensuite, élaborer une politique cohérente permettant de les traiter au-delà des frontières. Pour cela, des moyens financiers et des efforts collectifs, mutualisés sur l’ensemble de la sous-région, s’avèrent indispensables.

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La paix et la sécurité des nations ont des exigences auxquelles l’UEMOA se doit de continuer à répondre si elle veut offrir stabilité et prospérité à ses états membres.

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