Mali : la mort de Soumeylou Boubeye Maïga, un « assassinat » politique ?

Face à la grave détérioration de l’état de santé de l’ancien Premier ministre, ses proches n’ont cessé de demander son évacuation à l’étranger. Assimi Goïta n’a pas voulu en entendre parler, laissant mourir un détenu qui ne cachait pas ses ambitions politiques.

Soumeylou Boubeye Maïga lors de la cérémonie de réception des Super Tucano par IBK, le 11 juillet 2018, à Bamako (Mali). © Nicolas Réméné.

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Publié le 26 mars 2022 Lecture : 9 minutes.

Ses proches l’assurent : « Il n’aurait pas aimé qu’on le pleure. » Des larmes, il y en a pourtant eu ce 24 mars au domicile familial du quartier du Fleuve, à Bamako, où famille, amis et collaborateurs de Soumeylou Boubèye Maïga s’étaient retrouvés pour lui rendre un dernier hommage, cinq jours après son décès à la clinique bamakoise Pasteur il était soigné depuis mi-décembre.

Lors des funérailles de l’ancien Premier ministre, les témoignages sur la vie bien remplie de cette figure politique malienne se sont succédé. D’autres voient en son ultime combat une leçon pour l’avenir. « Il ne faut pas que la mort de Soumeylou divise davantage le pays. Au contraire, que les souffrances qu’il a subies tout au long de sa maladie, que le martyr qu’il a connu servent de raison aux Maliens pour sortir notre pays de la crise qui le cloue au sol », lance ainsi l’ancien ministre Tiébilé Dramé qui, dans sa jeunesse, a lutté avec Maïga contre la dictature de Moussa Traoré et pour l’avènement de la démocratie au Mali.

Pour la famille et les proches, aucun doute à avoir sur les causes de ce « martyr ». Selon eux, depuis que Soumeylou Boubèye Maïga a été incarcéré, les autorités de transition ont tout fait pour l’éliminer. Un « assassinat programmé », affirment même certains. « Il a commencé à tomber malade en prison. S’il avait reçu un traitement tout de suite, il aurait pu s’en sortir. Sauf que la junte a toujours refusé qu’il puisse se soigner, tout simplement parce que [les militaires] voulaient sa mort », dénonce un de ses vieux compagnons de route. « Ils l’ont séquestré et laissé mourir à petit feu », renchérit son frère, Tiegoum Boubèye Maïga, qui a oeuvré sans relâche pour que son aîné soit tiré d’affaire.

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