Brésil : le dilemme de Dilma
En 2010, la croissance brésilienne flirtait avec celle de la Chine. Aujourd’hui, elle fait grise mine. De quoi préoccuper la présidente, qui joue sa réélection en octobre.
Ces dernières années, tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Prix des matières premières au zénith, explosion des prêts des banques publiques, fièvre de consommation… En 2010, la croissance brésilienne (7,5 %) a été digne de celle de la Chine, avant de s’écrouler : 2,7 % en 2011, 0,9 % en 2012 et 2,5 % en 2013, selon le Fonds monétaire international (FMI). Si bien que Dilma Rousseff semble bien partie pour décrocher un record peu enviable, celui du mandat durant lequel la croissance moyenne a été le plus faible depuis le président Fernando Collor (1990-1992)… Parallèlement, l’intervention de l’État dans l’énergie, la finance et le pétrole a effrayé les investisseurs, tandis que l’inflation reste élevée (autour de 6 %).
>> Lire aussi : Brésil : naissance d’un géant
En février, Capital Economics, une société d’analyse macroéconomique basée à Londres, a déploré "la décennie perdue" de l’Amérique latine et critiqué le manque d’investissements du Brésil, tombés de plus de 20 % à environ 18 % du PIB entre 2008 et 2013. Le gouvernement ne prend pas ces critiques à la légère. La preuve ? En janvier 2014, Dilma Rousseff s’est rendue pour la première fois au Forum économique mondial de Davos afin d’assurer aux grands de ce monde que son pays est ouvert au business. De son côté, la Banque centrale a augmenté les taux d’intérêt pour juguler l’inflation, tandis que le gouvernement a poursuivi la privatisation des infrastructures et promis de freiner ses dépenses afin d’éviter une dégradation de sa note par Standard & Poor’s. En vain. Le 24 mars, l’agence a abaissé d’un cran son appréciation de solvabilité du Brésil, de BBB à BBB-.
En 2013, la croissance du Brésil a dépassé celle du Mexique
Mais, parallèlement, de hauts responsables se veulent rassurants et minimisent les craintes des économistes. En 2013, la croissance brésilienne n’a-t-elle pas dépassé celle du Mexique, enfant chéri des marchés, dont le PIB n’a progressé que de 1,2 % ? En outre, le taux de chômage est au plus bas (5,8 %). Enfin, le Brésil a, mieux que d’autres pays, survécu à plusieurs crises économiques globales, notamment à la récente vague de défiance envers les marchés émergents. "Les salaires continuent d’augmenter, les investissements directs étrangers affluent toujours, constate João Augusto de Castro Neves, d’Eurasia Group, spécialiste de l’analyse risque. Ces signaux positifs expliquent pourquoi le gouvernement espère s’en sortir, tant bien que mal."
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