Centrafrique : le cas Ngaïssona sème la pagaille

Le leader anti-balaka a été interpellé par la Misca au sortir d’un entretien avec Samba-Panza. Problème : cette dernière, qui n’en avait pas été avertie, négociait avec lui le désarmement de ses milices.

Patrice-Édouard Ngaïssona, le coordinateur des milices anti-balaka. © ISSOUF SANOGO / AFP

Patrice-Édouard Ngaïssona, le coordinateur des milices anti-balaka. © ISSOUF SANOGO / AFP

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Publié le 2 mai 2014 Lecture : 2 minutes.

Le manque de clarté : c’est l’un des principaux reproches fait aux autorités de la transition. Et la gestion du cas Patrice-Édouard Ngaïssona en est un nouvel exemple. Le 17 avril en début d’après-midi, le coordinateur politique autoproclamé des milices anti-balaka est reçu au palais de la Renaissance par la présidente Catherine Samba-Panza. À la sortie de l’entretien, il est interpellé par des hommes de la gendarmerie et de la Misca (la force africaine) en possession d’un mandat d’arrêt signé par le procureur de la République, Ghislain Gresenguet.

Une stratégie d’apaisement

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Problème : Samba-Panza n’a pas eu vent de cette opération. Informée par un proche du leader anti-balaka, elle fait immédiatement part de sa désapprobation au général Jean-Marie Michel Mokoko puis au général Martin Tumenta Chomu, respectivement chef et commandant des troupes de la Misca. Elle a, explique-t-elle, choisi une stratégie d’apaisement peu compatible avec cette arrestation.

Finalement, Ngaïssona, qui selon une source sécuritaire "est resté très serein" lors de cette interpellation théâtrale, est déféré devant le procureur. Après plusieurs heures d’interrogatoire, celui-ci décide de le placer en liberté provisoire avec obligation de pointer à la gendarmerie chaque semaine, le mardi et le vendredi.

Le leader anti-balaka, qui redoute d’être inscrit par l’ONU sur une liste de personnalités à sanctionner, tente de se racheter une conduite. "N’oublions pas [qu’il est aussi un chef d’entreprise qui détient] des marchés publics en Centrafrique et des sociétés au Cameroun qu’il doit protéger", note un diplomate de l’Union africaine. Lors de son entretien avec la présidente de la transition, il aurait promis son aide pour faire progresser le processus de réconciliation et désarmer les anti-balaka qu’il contrôle, principalement dans les 3e, 5e et 8e arrondissements de la capitale.

Des partisans des anti-balakas infiltrés au sommet de l’État

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L’interventionnisme de Catherine Samba-Panza n’a pas plu à tout le monde. "Nous respectons le choix de la présidente, mais nous estimons que Ngaïssona aurait dû être placé en détention", affirme un diplomate de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), pour qui "le gouvernement joue un double jeu. Tout n’est pas limpide. Il y a des partisans des anti-balaka infiltrés au sommet de l’État".

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