Côte d’Ivoire : deux réunions le même jour et des tensions au parti de Bédié

Le 31 mars, deux réunions du PDCI, convoquées par deux cadres du parti, ont eu lieu presque simultanément dans un contexte de rivalités internes exacerbées par les réformes lancées par Henri Konan Bédié.

Henri Konan Bédié lors d’un meeting du PDCI, pendant la campagne présidentielle, le 21 septembre 2020, à Yamoussoukro. © Diomande Ble Blonde/AP/SIPA

Henri Konan Bédié lors d’un meeting du PDCI, pendant la campagne présidentielle, le 21 septembre 2020, à Yamoussoukro. © Diomande Ble Blonde/AP/SIPA

Aïssatou Diallo.

Publié le 2 avril 2022 Lecture : 3 minutes.

Ce jeudi 31 mars, c’est en fanfare que les participants à la rencontre convoquée par Georges Philippe Ezaley sont accueillis au siège du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), à Cocody. Mais qu’y a-t-il à célébrer ? Les cadres sont surtout venus écouter le secrétaire exécutif en chef adjoint, chargé des délégations et des sections, ainsi que des relations avec les partis politiques nationaux.

Pour lui, c’est un grand jour : pendant presque un mois, il a coordonné l’envoi de missions à travers le pays. Celles-ci ont rendu visite à 351 des 357 délégations que compte le parti. Cette tournée, c’est l’une de ses premières missions d’envergure depuis que le président du parti, Henri Konan Bédié, l’a nommé à son poste en novembre dernier. « Le bilan est satisfaisant, affirme l’un des chefs de mission. C’était l’occasion de prendre le pouls du personnel politique avant le congrès du parti », qui devrait se tenir en octobre.

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Près de 196 personnalités issues de toutes les instances ont été mobilisées pour l’opération. « Cela doit nous aider à mettre de l’ordre dans nos bases. Continuez de faire ce bon travail », a lancé Ezaley.

Petit psychodrame

La veille, il avait rencontré Henri Konan Bédié dans son fief de Daoukro pour lui faire son compte-rendu d’étape. À quelques mois du prochain bureau politique du PDCI et du congrès, le parti se met en ordre de bataille.

Le problème, c’est que l’unité n’est que de façade et que ce même jeudi 31 mars, un petit psychodrame s’est joué : une heure seulement après que la réunion d’Ezaley s’est ouverte, Maurice Kakou Guikahué a initié de son côté une réunion extraordinaire du secrétariat exécutif.

Officiellement, le but était de préparer le 76e anniversaire du parti, le 9 avril prochain. Au sortir de la rencontre, le porte-parole du PDCI, Soumaïla Kouassi Bredoumy, a précisé que décision avait été prise de profiter de l’occasion pour rendre hommage à l’ancien Premier ministre Charles Konan Banny et à Marcelin Bédié, le frère de l’ex-président – deux personnalités décédées en 2021.

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Critiqué ces derniers mois pour s’être opposé à la nomination d’un adjoint et accusé d’avoir semé le doute sur les prérogatives de chacun, Maurice Kakou Guikahué a-t-il cherché à voler la vedette à Georges Philippe Ezaley ?

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Devant son auditoire, ce dernier a tenté de sauver les apparences et de dissiper les malentendus face aux interrogations des militants et de la presse. Sa réunion, a-t-il insisté, était inscrite à l’agenda depuis longtemps et avait été approuvée par Henri Konan Bédié.

Dans un contexte de tensions, cette réunion organisée par Guikahué agace dans l’entourage de son adjoint. D’autant plus qu’officiellement, le secrétariat exécutif était en vacances jusqu’au 4 avril.

Affaibli depuis la vague de nominations effectuées par Bédié, laquelle a permis de répartir entre plusieurs personnes les prérogatives qui étaient jusque-là les siennes, Guikahué tente de garder la main.

En avril 2021, Bédié avait annoncé sa volonté de moderniser le parti, de renforcer la démocratie interne, de faire une place aux jeunes et de capitaliser sur les ressources internes. Si les réformes ne visaient pas – officiellement – des individus, comme on l’assure dans l’entourage du président, elle a de fait contribué à réduire l’influence du secrétaire exécutif en chef et exacerbé les tensions.

« Les deux peuvent ne pas s’entendre, mais on n’a pas besoin de s’aimer pour travailler ensemble, regrette un participant à la rencontre. Cette attitude est préjudiciable au parti. Quel est l’objet visé par ceux qui étalent leur déchirement sur la place publique par Nouveau Réveil interposé ? »

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