Climat : l’Afrique peut encore éviter la catastrophe

Le dernier rapport du Giec dresse la liste des mesures radicales à prendre immédiatement pour limiter le réchauffement climatique. Décryptage en infographie.

Photomontage JA

MARIE-TOULEMONDE_2024

Publié le 7 avril 2022 Lecture : 3 minutes.

Trois ans. C’est le temps qu’il reste à l’humanité pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre et éviter un aller simple vers le chaos climatique, c’est-à-dire une planète plus chaude de 3,4 °C par rapport à l’ère préindustrielle en 2100. Les conclusions du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), paru le 4 avril, sont sans appel : l’urgence est absolue et le défi colossal, mais le pire n’est pas certain.

Ce troisième rapport (sur un total de quatre) propose des solutions, applicables dès aujourd’hui, pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre (GES). « Nous savons quoi faire, nous savons comment le faire et maintenant il faut décider de le faire », a résumé le coprésident du Giec, Jim Skea, soulignant le manque de volonté et de cohérence politiques.

« C’est un bilan de honte, un catalogue des promesses creuses qui nous mettent résolument sur la voie d’un monde invivable », a renchéri le secrétaire général des Nations unies, António Guterrez, dans une vidéo partagée le jour de la sortie du rapport.

Aux antipodes du modèle occidental

Pour parvenir à limiter le réchauffement climatique à + 1,5 °C en 2100, il faut dès aujourd’hui transformer en profondeur les modes de production et de consommation dans tous les secteurs, à commencer par celui de l’énergie.

Pour le continent, qui n’a émis que 4 % des émissions de GES depuis 1850, la sentence est lourde : l’Afrique, déjà vulnérable, subit et subira plus que toute autre région les conséquences de ce bouleversement. Le rapport du Giec cite notamment l’aggravation des sécheresses, qui y ont causé plus de morts que tous les événements dus au climat combinés dans le reste du monde au cours des trois dernières décennies.

Les gouvernements africains auront aussi la difficile tâche de développer leurs pays avec un budget carbone ultralimité, autrement dit en privilégiant un modèle aux antipodes du modèle occidental. Et ce, dans un contexte d’explosion démographique, de dépendance croissante à l’égard des combustibles fossiles avec une urbanisation galopante et de légitimes ambitions d’industrialisation et de consommation.

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Miracle ou mirage

Y a-t-il de l’espoir pour autant ? Théoriquement, oui. Les propositions du Giec peuvent contribuer à l’amélioration de la qualité et du rythme du développement en Afrique tout en garantissant un futur viable à la planète.

Ainsi, exploiter l’immense potentiel solaire et éolien du continent, pourrait – sur le papier – permettre la création de très nombreux emplois et l’électrification de millions de foyers. L’urbanisation pourrait être mise à profit pour construire les cités de demain, des villes modernes, végétales et saines. Le continent, qui a encore peu recours aux intrants et à l’agriculture intensive, pourrait aussi passer à l’agroécologie et à l’agroforesterie.

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Le problème, c’est que pour nombre de pays, cette vision est souvent perçue comme irréaliste et assimilée à une injonction à rester pauvre pour que la planète respire. Et même si cette transition pourrait être l’avènement d’une réelle troisième voie, les obstacles restent colossaux et principalement financiers.

Assez de capitaux

L’Afrique n’a perçu que 26 % de l’enveloppe de 100 milliards de dollars destinée à aider les pays en développement à se préparer au changement climatique. Pourtant, les auteurs de ce troisième rapport sont catégoriques : il y a assez de capitaux et de liquidités au niveau mondial pour financer la transition écologique. Surtout, agir coûtera beaucoup moins cher que l’inaction.

Quelles sont les solutions proposées ? À quoi ressemblera l’Afrique à 1,5 °C ? Quels sont les leviers pour que le continent s’en sorte ? Décryptage en infographies.

Bien s’informer, mieux décider

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