Brésil : Rousseff dans le piège Petrobras

À six mois de la présidentielle, la sortante est engluée dans une sombre histoire de rachat d’une raffinerie au Texas en 2006. Elle est en baisse dans les sondages mais devrait quand même être réélue.

Dilma Rousseff et son prédécesseur Luiz Inacio Lula da Silva en 2010. © EVARISTO SA / AFP

Dilma Rousseff et son prédécesseur Luiz Inacio Lula da Silva en 2010. © EVARISTO SA / AFP

Publié le 24 avril 2014 Lecture : 3 minutes.

À l’approche de l’élection présidentielle, le Parti des travailleurs (PT) replonge en plein cauchemar. Ça devient une habitude. En 2006, déjà, le scandale dit du mensalão (les grosses mensualités) avait éclaté à quelques mois du scrutin et manqué de faire capoter la réélection de Luiz Inácio Lula da Silva. Le chef de l’État avait finalement été mis hors de cause, mais plusieurs membres du PT accusés d’avoir participé à un vaste système d’achat de votes au Parlement avaient été jugés et condamnés. Bien qu’en tête dans les sondages, Dilma Rousseff est-elle à son tour menacée de ne pas être reconduite dans ses fonctions le 5 octobre ?

La présidente est mise en cause pour son implication dans le rachat supposé douteux par Petrobras de la raffinerie Pasadena, au Texas, en 2006. À l’époque, elle était à la tête du conseil d’administration du géant pétrolier brésilien et avait donné son feu vert à l’acquisition pour 1,1 milliard de dollars (723 000 euros). Or la raffinerie avait été achetée un an plus tôt par le belge Astra Oil Trading pour 42,5 millions de dollars ! Pour sa défense, Rousseff jure qu’elle a donné son accord sur la base d’un rapport incomplet, mais l’opposition n’en a cure : résolue à tirer un profit électoral de l’affaire, elle tente d’obtenir la création d’une commission d’enquête parlementaire. Parallèlement, Petrobras est au centre d’une affaire de pots-de-vin qui pourraient avoir été versés à certains de ses employés par l’entreprise hollandaise SBM Offshore en vue de l’obtention de contrats de location de plateformes pétrolières.

Avant même le déclenchement du scandale, Rousseff avait commencé de baisser dans les sondages.

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Sous le feu de la critique, le PT tente de réagir. Lula est monté au front le premier. "Le gouvernement et Petrobras doivent faire toute la vérité. Il n’est pas normal que, six mois avant chaque scrutin, l’opposition, qui n’a aucun programme, s’efforce ainsi de tirer parti d’une affaire", s’est-il agacé.

Si Lula était candidat, il recueillerait 52% des suffrages

Avant même le déclenchement du scandale, Rousseff avait commencé de baisser dans les sondages : 44 % des intentions de vote en février, 38 % en avril, selon l’institut Datafolha. Les Brésiliens sont manifestement peu optimistes sur les perspectives économiques. Il est donc capital pour la présidente de circonscrire les effets de l’affaire Petrobras. "Lors de la publication de ce sondage, il y a eu une euphorie compréhensible dans les rangs de l’opposition, et plus curieuse chez certains "pétistes" qui rêvent d’un retour de Lula", explique Luís Nassif, du quotidien Folha de São Paulo. S’il était candidat, ce dernier recueillerait apparemment 52 % des suffrages. Mais l’intéressé s’est empressé de couper court à ces spéculations.

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Reste que, pour l’instant, Rousseff est à peu près sûre de l’emporter, l’opposition ayant le plus grand mal à exister. Réclamer l’alternance après dix ans de pouvoir du PT est un argument un peu court. Le Parti socialiste brésilien (PSB) a annoncé le 14 avril que son candidat serait Eduardo Campos, ex-gouverneur de Pernambuco. Marina Silva, l’ancienne ministre de l’Environnement de Lula, briguera la vice-présidence à ses côtés : leur "ticket" est crédité de 10 % des intentions de votes. Au départ, Silva était la mieux placée dans les sondages, mais elle n’a pas réuni le nombre de signatures requis pour faire homologuer Réseau durable, son parti, et a été contrainte de s’allier au PSB. Quant au sénateur Aécio Neves, probable candidat du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), il n’est crédité que d’un petit 16 %.

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