Michel Barnier : « L’Europe a intérêt à voir le Maroc et l’Algérie dépasser leurs conflits »

Sécurité énergétique, crise Maroc-Algérie, question migratoire… L’ancien ministre français des Affaires étrangères, et conseiller de la candidate Les Républicains à la présidentielle Valérie Pécresse, livre sa vision des tensions qui agitent le Maghreb.

Michel Barnier, ancien négociateur en chef de l’UE pour le Brexit et ancien ministre français des Affaires étrangères. © Bruno LEVY/REA

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Publié le 6 avril 2022 Lecture : 9 minutes.

Candidat malheureux de la primaire Les Républicains, mais surtout négociateur tenace du Brexit, l’ancien ministre Michel Barnier conseille désormais Valérie Pécresse pour les dossiers internationaux. Dans une interview de fond, il réitère sa confiance dans la candidate, tout en déroulant sa vision des relations entre la France, l’Union européenne (UE) et le Maghreb, notamment.

Jeune Afrique : Dans quelle mesure le contexte de la guerre russo-ukrainienne rebat-il les cartes de la campagne présidentielle ?

Michel Barnier : Pour le moment, nous devons tout faire pour ramener Vladimir Poutine à la raison. Cela passe par un cessez-le-feu, qui est le préalable pour ouvrir la voie à un armistice. Durant cette période, nous pourrons alors nous remettre autour d’une table, comme l’a déjà proposé Valérie Pécresse. Dès janvier, elle avait plaidé pour une conférence pan-européenne autour de l’architecture de sécurité en Europe.

Il faut faire en sorte que la Russie, l’Union européenne, l’Ukraine et la Turquie, en particulier, s’assoient autour d’une table pour parler de tous les sujets. Il s’agit aussi de fixer à travers un nouveau traité de sécurité en Europe les règles assurant la stabilité, la sécurité et la paix, et de désigner les institutions garantes du respect des engagements. L’idée d’un conseil de sécurité européen est un objectif à atteindre, tout en cherchant des solutions de paix. Mais, déjà, l’Union européenne peut tirer des leçons de cette guerre.

Il faudra se pencher sur la question de notre approvisionnement et de notre diversification énergétique avec le Maghreb

Lesquelles ?

D’abord sur le plan de notre sécurité, car les Européens doivent être capables d’accroître et de mieux coordonner leurs efforts de défense, d’éviter les doublons et de préserver leur souveraineté technologique. L’enjeu consiste à être capable de mobiliser des troupes, de faire de la recherche et de produire ensemble. En bonne intelligence avec l’Otan.

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Il faudra ensuite se pencher sur la question de notre approvisionnement et de notre diversification énergétique avec le Maghreb, et en particulier l’Algérie. Cela signifie dépendre moins des Russes pour le gaz et le pétrole.

L’Algérie est au premier rang, comme la Norvège et les États du Golfe, des pays à même de nous aider à y parvenir. Mais l’Europe doit aussi davantage produire. D’ailleurs, ce point a été soulevé par Valérie Pécresse, qui souligne l’erreur commise par la France sur l’énergie nucléaire. Avoir baissé la garde pour la remonter maintenant en période électorale est synonyme d’au moins cinq années de perdues.

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