Présidentielle en Guinée-Bissau : jusqu’ici tout va bien…

Comme il y a deux ans, un candidat du PAIGC arrive en tête du premier tour de la présidentielle. Mais cette fois, c’est un indépendant qui crée la surprise, avec le soutien officieux de l’armée. Épilogue le 18 mai prochain, sauf complications.

José Mario Vaz du PAIGC, a obtenu 40,9% des suffrages le 13 avril. © Sylvain Cherkaoui pour J.A.

José Mario Vaz du PAIGC, a obtenu 40,9% des suffrages le 13 avril. © Sylvain Cherkaoui pour J.A.

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Publié le 25 avril 2014 Lecture : 2 minutes.

Demi-surprise à Bissau à l’annonce des résultats des législatives et du premier tour de la présidentielle. Certes, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), l’ancien mouvement de libération qui domine la vie politique du pays depuis l’indépendance, réaffirme sa suprématie – malgré un recul d’une vingtaine de sièges – en raflant la majorité absolue à l’Assemblée nationale populaire (55 députés sur 102). Son candidat, José Mario Vaz, dit Jomav, distance nettement ses concurrents au premier tour de la présidentielle (40,9 % des suffrages).

Mais l’irruption au second tour de cette élection d’un candidat indépendant, Nuno Gomes Nabiam (25,1 %), modifie une cartographie politique jusque-là réduite à l’éternel affrontement entre le PAIGC et le Parti de la rénovation sociale (PRS, opposition), dont le champion officiel, Abel Incada, apparaît comme le grand perdant en se classant quatrième avec le modeste score de 7,3 %. Il est ainsi devancé par un autre indépendant, l’économiste et ancien patron du département Afrique subsaharienne de la Banque mondiale Paulo Gomes (9,7 %).

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Deux poids lourds en dissidence

Son propre camp il est vrai ne s’est pas fait prier pour lui savonner la planche. Après avoir annoncé en janvier son retrait de la vie politique, Kumba Yala, le charismatique fondateur du PRS, avait appelé à voter pour Gomes Nabiam, directeur de l’aviation civile, au détriment du candidat investi par son parti. Dans le même temps, la désignation d’Abel Incada, qui occupait une fonction subalterne au PRS, poussait deux poids lourds à entrer en dissidence : Jorge Malu, le vice-président du parti, et Ibrahima Sory Djalo, le président de l’Assemblée nationale, se sont tous deux présentés.

Antonio Indjai, un "ami de trente ans"

Kumba Yala, décédé le 4 avril dernier, n’est plus là pour soutenir son poulain entre les deux tours. Néanmoins, Gomes Nabiam pourra compter sur une autre bonne fée. Antonio Indjai, le sulfureux chef d’état-major de l’armée – il est recherché par la justice américaine, qui l’accuse de "narco­terrorisme" -, est en effet "un ami de trente ans". Les deux hommes se sont connus à Kiev, en Ukraine, à l’époque où ils étaient étudiants. Nabiam pourra donc miser sur le soutien officieux de l’armée et des Balantes (la principale ethnie du pays), dont Kumba Yala avait fait l’électorat privilégié du PRS.

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Deux ans après l’interruption du processus électoral par un coup d’État militaire, la donne a relativement peu évolué à Bissau. Carlos Gomes junior (alias "Cadogo", honni par l’armée), le candidat du PAIGC en 2012, avait alors écrasé ses adversaires au premier tour de la présidentielle avec 48,97 % des voix, suivi par Kumba Yala (23,36 %). Reste à savoir si l’armée acceptera sans réagir une victoire totale du PAIGC dans l’hypothèse où Jomav, ancien ministre des Finances de Cadogo, l’emporterait le 18 mai prochain au détriment de "son" candidat.

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