Tchad : Jacqueline Moudeïna, la tombeuse de Habré

Cette avocate tchadienne lutte depuis vingt ans pour que le dictateur déchu soit jugé. À force d’opiniâtreté, elle va obtenir gain de cause.

L’avocate Jacqueline Moudeina. © AFP

L’avocate Jacqueline Moudeina. © AFP

Madjiasra Nako

Publié le 26 avril 2014 Lecture : 1 minute.

Le débat public organisé le 15 avril à Dakar par le consortium de sensibilisation sur les chambres africaines l’a confirmé : les préparatifs du procès de Hissène Habré, président du Tchad entre 1982 et 1990, entrent dans leur dernière ligne droite. L’avocate Jacqueline Moudeïna, 57 ans, s’apprête donc à vivre le couronnement de vingt années de lutte. Alors que peu y croyaient, cette diplômée en droit de l’université de Brazzaville, où elle vivait en exil, revient à N’Djamena au début des années 1990 avec une seule idée en tête : faire juger Habré, à qui une commission nationale d’enquête impute la mort de 40 000 personnes. Avec détermination, elle recueille les témoignages des victimes ou de leurs proches, mène des actions de lobbying… Et son opiniâtreté finit par payer. "Quand elle s’engage dans une cause, elle ne lâche jamais. C’est à la fois sa force et sa faiblesse. Elle va jusqu’au bout, quitte à ne pas avoir le dernier mot", raconte une proche.

"Le Nobel des droits de l’homme"

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Avant de connaître la lumière, Moudeïna, fille d’un médecin décédé peu après sa naissance, a travaillé sans relâche dans l’ombre. D’abord, comme simple militante de la section congolaise de l’Association tchadienne pour la défense et la promotion des droits de l’homme. Puis, de retour au pays, comme secrétaire aux affaires juridiques et, enfin, présidente de l’association. Sa vie bascule en 2001, lorsqu’elle fait l’objet d’une attaque devant l’ambassade de France à N’Djamena alors qu’elle manifestait contre la réélection du président Idriss Déby Itno. Après de longs mois de soins, elle reprend ses réunions avec les veuves et orphelins du régime Habré. Ce combat exemplaire a valu à cette femme à la voix douce et à la démarche élégante le prix Martin-Ennals, le "Nobel des droits de l’homme" (2002) et le prix Alison-Des-Forges de Human Rights Watch (2013).

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