Michael Rheinegger : « Difficile, aujourd’hui, pour un entrepreneur suisse, d’être absent du continent »

En douze ans d’existence, le Swiss African Business Circle a largement justifié son rôle de passerelle entre le secteur privé suisse et les marchés africains. Son directeur général dresse un bilan des activités de l’organisation après deux années de pandémie.

Michael Rheinegger, directeur général de la SABC. © DR

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Publié le 19 avril 2022 Lecture : 3 minutes.

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Suisse-Afrique : en avant toutes !

Axée sur le soutien aux économies qui marchent, la nouvelle stratégie de Berne entend aller plus loin que les impératifs d’allègement de la pauvreté. Le signe d’une prise de conscience des enjeux africains contemporains.

Sommaire

Fondé en 2010, le Cercle d’affaires Suisse-Afrique (SABC) a pour mission de mettre en relation les milieux d’affaires suisses et africains. Association indépendante, elle met à la disposition de ses 90 membres (employant ensemble plus de 100 000 personnes en Afrique) son réseau d’expertise et d’expériences acquises sur le continent, favorisant les partenariats.

Jeune Afrique : Quel impact le Covid-19 a-t-il eu sur vos activités ces deux dernières années ?

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Michael Rheinegger : L’objectif premier du SABC étant de mettre les gens en contact, la pandémie nous a obligés à revoir certains fonctionnements. Nous avons dû nous réinventer en nous appuyant sur le numérique pour proposer de nouveaux formats d’échange, avec de bons résultats puisque nous avons constaté que le nombre de participants à nos événements organisés à distance était plus important. Nous gardons toujours une expertise de terrain en invitant les représentants des entreprises suisses en Afrique ou ceux des États africains en Suisse. En plus de permettre au SABC de réussir sa transition numérique, ces deux dernières années nous aurons finalement apporté davantage de visibilité.

Quel format avez-vous retenu pour l’Africa Business Day 2022 ?

Alors que la précédente édition, en 2021, avait réuni virtuellement plus de 300 participants de 27 pays différents, la prochaine édition se déroulera en présentiel et à distance. Nous voulons cette année nous concentrer sur les grandes tendances qui vont accompagner le développement démographique de l’Afrique dans les trente prochaines années en matière d’urbanisation, de nouvelles technologies, de changement climatique, ainsi que sur leurs implications pour les acteurs économiques actifs sur le continent.

Comment évolue la présence du secteur privé suisse en Afrique ?

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L’intérêt de nos entreprises pour le continent n’a pas faibli avec la pandémie. Il semble même avoir augmenté, notamment avec la redéfinition en cours des chaînes régionales de valeur. L’Afrique du Nord semble particulièrement bien positionnée. Le continent en général n’a jamais paru aussi proche de l’Europe, mais dispose-t-il des capacités pour en profiter en matière de ressources humaines ou d’industrialisation de ses économies ?

Les entreprises suisses sont très sensibles à l’argument de la « dernière frontière », d’une Afrique pourvoyeuse de main-d’œuvre et de matières premières, mais où beaucoup reste à faire en matière de renforcement des capacités et de création de marchés, sur fond de forte augmentation. Difficile aujourd’hui d’être absent du continent pour un entrepreneur.

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Quel est le rôle du SABC dans ce contexte ?

Nous poursuivons notre plaidoyer en faveur de l’Afrique auprès des entreprises suisses en insistant sur l’intérêt d’un tel partenariat pour les deux parties. Le SABC est en première ligne pour relayer les dernières tendances politiques et économiques du continent auprès de ses membres. Nous sommes par exemple beaucoup plus présents auprès des différentes organisations sous-régionales africaines, jusqu’à la commission de la Zlecaf [Zone de libre-échange continentale africaine]. Ce qui nous a permis d’attirer ces dernières années les grands groupes suisses ou implantés en Suisse. De leur côté, les PME ont montré peu d’intérêt [pour le continent] durant la pandémie. Mais nous constatons une nouvelle dynamique, en particulier dans les secteurs des technologies de l’information, de l’agro-industrie, des énergies renouvelables, de la santé et des technologies propres. À noter également la présence, de plus en plus importante au sein de SABC, d’entreprises africaines installées en Suisse.

Où en sont vos relations avec le gouvernement confédéral ?

Nous avons beaucoup d’échanges. Le SABC a notamment été sollicité par Berne lors la définition de la stratégie Afrique 2021-2024, et nous avons été très satisfaits de voir que le continent figurait au rang des priorités du gouvernement confédéral : pour participer à son développement mais également pour soutenir davantage son secteur privé sur place. Ce qui n’était pas vraiment dans les mentalités suisses jusqu’à présent. Il faut maintenant voir comment le secteur public et le secteur privé peuvent travailler ensemble tout en ayant un impact positif pour les pays africains.

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