Les réseaux d’influence de Mohamed Ould Noueigued, première fortune de Mauritanie
Homme d’affaires emblématique de l’ère Maaouiya Ould Taya, le PDG de la Banque nationale de Mauritanie a su faire prospérer l’empire familial. Politique, business… De Nouakchott à Paris, il s’appuie sur des liens noués de longue date.
Publié le 17 avril 2022 Lecture : 7 minutes.
Mohamed Ould Noueigued, 58 ans, est l’héritier d’une des grandes familles de Mauritanie. Ce discret homme d’affaires originaire d’Atar a pris la succession de son père, Abdallahi Ould Noueigued, après le décès de celui-ci en 2013. Il est aujourd’hui à la tête du holding AON, premier employeur du secteur privé, actif dans de nombreux secteurs (BTP, pêche, agroalimentaire, hydrocarbures, banque…). Le groupe, qui est le premier propriétaire immobilier du pays, ainsi que le premier importateur de produits de première nécessité (riz, thé, sucre…), est également le seul actionnaire mauritanien de l’opérateur Mauritel et l’actionnaire d’une chaîne de télévision, Chinguetti TV.
Il est, entre autres, implanté en Guinée (Mohamed Ould Noueigued, propriétaire de la Banque nationale de Guinée, fut très proche d’Alpha Condé), en Côte d’Ivoire, au Mali et au Niger. Il prospecte en Algérie et au Maroc. La dynastie Noueigued a prospéré lorsque Maaouiya Ould Taya était au pouvoir (1984-2005). Au-delà de la proximité tribale smasside, elle a notamment bénéficié, comme d’autres, de marchés avantageux. Mais elle avait fait fortune bien avant.
Abdallahi Ould Noueigued s’est en effet lancé dans le commerce dès les années 1950, en créant sa société ainsi qu’un important réseau de boutiques, en parallèle de ses activités de transport et d’import de denrées alimentaires. Une lutte d’influence l’oppose alors à une autre figure smasside de l’entrepreneuriat mauritanien, Mohamed Abdallahi Ould Abdellahi (groupe MAOA). Il n’empêche que pour le clan Noueigued, les affaires se diversifient de plus en plus : en 1989, la Banque nationale de Mauritanie (BNM) naît de la fusion de deux établissements, la Banque internationale pour la Mauritanie (BIMA) et la Société mauritanienne de banque (SMB), qui auraient été acquis pour un ouguiya symbolique – ce que les intéressés démentent formellement. Dans le même temps, Mohamed Ould Noueigued prend du galon au sein du groupe familial.
Après la chute de Taya, en 2005, le groupe ne pâtit pas de l’arrivée au pouvoir du président de la transition Ely Ould Mohamed Vall (2005-2007), puis de Sidi Ould Cheikh Abdallahi (2007-2008). Si ce n’est pas le cas de tous les hommes d’affaires en Mauritanie, Mohamed Ould Noueigued a maintenu, voire renforcé son influence au gré des pouvoirs successifs. La confrontation est en revanche frontale avec Mohamed Ould Abdelaziz lorsque celui prend la tête du pays en 2008 à la faveur d’un coup d’État.