Algérie : Zitouni Ouled-Salah, un « bombardier » à la présidence

Connu pour son « caractère impulsif », l’ancien wali de Béjaïa est devenu le « Monsieur sécurité » d’Abdelmadjid Tebboune.

Zitouni Ouled-Salah, directeur général des résidences officielles et des transports à la présidence de la République. © DR

Publié le 11 avril 2022 Lecture : 3 minutes.

Hors circuit depuis cinq ans, Zitouni Ouled-Salah revient aux affaires pour occuper un poste très sensible. Nommé par un décret du 22 mars directeur général des résidences officielles et des transports à la présidence de la République, il hérite d’une mission hautement stratégique puisqu’il sera chargé d’assurer la sécurité des lieux où résident, travaillent et se réunissent le président et les hauts fonctionnaires de l’État.

Colères homériques

Zitouni Ouled-Salah, 69 ans, a effectué toute sa carrière dans l’administration publique. Il se distingue lors de son passage à la tête de la wilaya de Béjaïa, entre juillet 2015 et décembre 2016, par des inspections surprises sur le terrain et des colères homériques contre des responsables locaux.

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Une scène en particulier avait enflammé la toile lorsqu’il pesta « c’est un comportement indigne, enlevez-moi ces ordures » en désignant, agacé, deux palettes en bois sur lesquelles étaient exposés les plans d’une bibliothèque dont les travaux avaient été entamés en 2006 et qui, dix ans plus tard, en 2016, n’était pas encore sortie de terre.

Il s’emporte facilement », résume sobrement un ancien cadre de la wilaya

« Je ne suis pas venu faire du cinéma. Me présenter ainsi un projet est un manque de considération, d’éducation. Si vous n’êtes pas capables, laissez la place aux autres », s’était-il emporté avant de quitter le chantier au pas de course.

Durant ses seize mois à la tête de la wilaya de Béjaïa, il n’hésita pas à résilier des dizaines de contrats pour cause de retards dans la réalisation des projets locaux et à pointer les défaillances des bureaux d’études. Ce qui lui vaudra le surnom de « bombardier ». « Il s’emporte facilement », résume sobrement un ancien cadre de la wilaya.

Durant les sessions de l’APW (Assemblée populaire de wilaya) ou lors des réunions publiques, il ne ménageait pas ses proches collaborateurs, à qui il imposait un rythme de travail extrêmement soutenu. Mais ses inspections surprises sur le terrain et sa rigueur lui avaient valu une certaine sympathie auprès de la population locale.

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Après avoir été mis en congé forcé début décembre 2016, Zitouni Ouled-Salah est relevé de ses fonctions quelques jours plus tard pour « défaillances graves », selon le communiqué du ministère de l’Intérieur.

Cité dans une affaire impliquant Sellal

Un de ses ex-collaborateurs estime que c’est sa gestion du dossier foncier industriel et touristique, ainsi que celle de l’autoroute pénétrante de Béjaïa (un chantier qui a pris beaucoup de retard) qui sont la cause de sa disgrâce. D’autres soutiennent que c’est « son caractère impulsif » qui a irrité son supérieur direct, l’ancien ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui.

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Zitouni Ouled-Salah, qui a aussi été wali de Mascara en 2010, avait été cité dans l’affaire de l’hôtel Yugarithen Palace Béjaïa). Ce bâtiment de 14 étages devait être démoli pour raisons de sécurité en 2003 sur décision du Conseil d’État, saisi par la direction des mines de Béjaïa qui avait alors relevé sa proximité avec un pipeline et un terminal du port.

Le promoteur avait relancé son projet d’une superficie de 16 000 m2 en 2015, après une correspondance en sa faveur du cabinet du l’ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal.

Cité à comparaître, en sa qualité du premier responsable de la wilaya de Béjaïa, aux côtés de Sellal et du chef de cabinet de ce dernier, Mustapha Rahiel, Zitouni Ouled-Salah a finalement été acquitté par la justice le 29 novembre 2021.

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