Mali : Moussa Mara, jeune premier…
Nommé le 5 avril, le nouveau chef du gouvernement n’a que 39 ans.
Donner un nouveau souffle à l’action gouvernementale, accélérer les réformes et, surtout, faire savoir que ce n’est pas parce qu’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) voyage sans cesse à l’étranger qu’il ne travaille pas au redressement du Mali. Voilà les missions que le président a assignées à son nouveau Premier ministre, Moussa Mara, 39 ans. "Depuis sept mois, notre communication est catastrophique", reconnaît un conseiller d’IBK.
Mara a beau présenter le CV du parfait expert-comptable formé en France, c’est aussi un politique, un vrai. Il n’a pas 30 ans quand il mène une liste de jeunes aux élections communales de 2004 ; il en a 32 quand, en 2007, il met en ballottage un certain IBK lors des législatives ; et 34 quand il conquiert la commune IV de Bamako, en 2009. L’année suivante, il crée son parti, Yéléma, dont le nom ("changement" en bambara) traduit l’ambition : changer de système – il est partisan d’une forte décentralisation -, de pratiques – il fut l’un des premiers à rendre public son patrimoine – et, surtout, de têtes. "Le Mali a besoin d’hommes neufs", déclarait-il en 2013. Ce qui ne l’a pas empêché de soutenir IBK au second tour de la présidentielle après son piètre score du premier tour (1,53 %). Parce que, expliquait-il alors, "il représente le camp de la rupture".
Son père fut membre du Comité militaire de libération nationale
Réputé rigoureux et intègre, Mara sait parler aux masses, surtout aux jeunes. Il a compris qu’en politique il faut des résultats, et vite. Son bilan de maire est "excellent", estime-t-on dans l’entourage du président. Son action au ministère de l’Urbanisme, ces sept derniers mois, "également", même s’il n’a pas eu le temps d’y faire grand-chose. Autre atout : il maîtrise les deux dossiers prioritaires du moment. L’armée ? Il a été nourri à son sein. Son père, Joseph Mara, fut membre du Comité militaire de libération nationale qui mit fin au règne de Modibo Keïta en 1968 – avant de connaître la disgrâce et le bagne. Moussa Mara, qui a grandi dans le camp de Kati, connaît tous les militaires de sa génération, notamment ceux qui ont pris le pouvoir en 2012. Il suit aussi de près la question du Nord. Il y a un an, il lançait les bases de la Plateforme des Kel Tamasheq pour démontrer que tous les Touaregs ne sont pas indépendantistes.
"Le plus dur commence", a-t-il tweeté le 6 avril. Mara devra en effet composer avec le cabinet du président, avec des ministres qu’il n’a pas choisis, et surtout avec une Assemblée nationale échaudée. Les caciques du Rassemblement pour le Mali (70 députés, contre 1 pour Yéléma) n’ont pas vraiment apprécié de voir la primature leur échapper au profit de ce jeune loup.
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