Quand les Algériens noirs frappent à la porte

Peu présents dans les instances du pouvoir algérien, les habitants du Grand Sud se distinguent dans le sport, la musique… et les études.

Raïs M’Bolhi, gardien de but des Fennecs, donne une bonne image des Noirs en Algérie. © ALEXANDER JOE / AFP

Raïs M’Bolhi, gardien de but des Fennecs, donne une bonne image des Noirs en Algérie. © ALEXANDER JOE / AFP

Publié le 25 avril 2014 Lecture : 2 minutes.

Aucune opération de recensement ne prenant en compte le critère ethnique, on ignore le nombre d’Algériens noirs. Toutefois, en prenant en considération la répartition géographique de la population, on apprend que 8 % des 38,6 millions d’habitants résident – ou circulent – dans le Grand Sud. Dans cette partie du territoire, on estime que trois citoyens sur quatre sont noirs. Sur la base de ce calcul, et si l’on y ajoute les quelques dizaines de milliers de Noirs vivant dans les grands centres urbains du Nord (essentiellement Oran et accessoirement Alger, Sétif, Constantine et Tlemcen), on parvient à 2,5 millions d’individus, soit un Algérien sur quinze. Pourtant, leur visibilité au sein de la communauté nationale est quasi nulle.

Le Mouvement national algérien, censé représenter l’émancipation de l’Afrique face au colon français, ne comptait nul dirigeant noir. Un demi-siècle plus tard, ce n’est guère mieux. Abdelkader Zoukh est le seul wali noir (sur 48 préfets), même s’il s’agit de celui de la capitale. Et parmi les ministres, seul Noureddine Bedoui, titulaire du portefeuille de la Formation et de l’Enseignement professionnels, a la peau sombre. Enfin, nulle trace de cette minorité au sein de la haute hiérarchie militaire : le seul général noir de l’histoire de l’Armée nationale populaire est Hassan Bendjelti, alias Abderazzak, ancien patron des services de contre-espionnage, aujourd’hui à la retraite.

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La musique diwane, issue de l’esclavage, est particulièrement prisée

Une note d’espoir, cependant. La visibilité des Noirs algériens s’améliore au fil du temps. Jadis, lorsqu’un Algérois croisait un Noir, il s’adressait à lui en français, persuadé d’avoir affaire à un Malien ou à un Sénégalais. Mais ça, c’était avant. Dans le monde sportif, les années 2010 ont vu deux footballeurs noirs s’imposer parmi les Fennecs, le gardien Raïs M’Bolhi et l’attaquant El Arbi Hillel Soudani. Dans le domaine musical aussi, les Noirs sont plus visibles. À commencer par le plus connu d’entre eux : Cheb Khaled. De même, les concerts de Hasna el-Becharia (la diva de Bechar), de Joe Batoury ou du groupe El Ferda affichent complet dans toutes les régions d’Algérie. Et la musique diwane, issue de l’esclavage, est particulièrement prisée.

Absents des hautes sphères du pouvoir, les Noirs seraient-ils cantonnés aux rôles d’amuseurs publics, balle au pied ou micro à la main ? Ce serait oublier les professeurs de médecine, les avocats reconnus ou les titulaires de chaires universitaires qui sont issus du Grand Sud. Ayant bénéficié, au même titre que les autres Algériens, de la démocratisation de l’enseignement supérieur, les habitants des régions sahariennes trustent même, aujourd’hui, les places de majors de promotion.

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