Tunisie – Rached Ghannouchi : moi, diplomate
Fort de ses nombreux contacts noués dans le monde arabe, le leader islamiste tunisien se rêve en médiateur sur la scène politique libyenne.
![Rached Ghannouchi, le président d’Ennahdha est proche du Qatar. © Ons Abid pour J.A.](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2014/04/16/014042014111623000000JA2779p013.jpg)
Rached Ghannouchi, le président d’Ennahdha est proche du Qatar. © Ons Abid pour J.A.
En 2012, le magazine américain Time avait classé Rached Ghannouchi parmi les 100 personnalités les plus influentes au monde. Deux ans plus tard, le Tunisien tente de mettre à profit cette supposée aura en proposant d’oeuvrer en faveur d’un dialogue national réunissant tous les acteurs politiques libyens. Âgé de 72 ans, le cofondateur et président du parti islamiste Ennahdha n’a jamais caché son ambition de jouer un rôle clé dans le monde arabe. Homme d’influence, il a mis à profit ses vingt-trois années d’exil à Londres pour cultiver ses réseaux et compte aujourd’hui de nombreux soutiens, notamment au Qatar.
Sa légitimité est restreinte
Ce n’est sans doute pas un hasard s’il a formulé sa proposition de médiation après la visite à Tunis, le 3 avril, de l’émir Tamim Ibn Hamad Al Thani, en tournée dans plusieurs pays arabes. Grâce à l’appui de Youssef al-Qaradawi, prédicateur d’Al-Jazira et mentor des Frères musulmans, Ghannouchi est devenu un leader officieux de la confrérie préférée du Qatar. Ce qui lui a permis, bien que le régime de Kadhafi lui ait fermé les portes de la Libye, de rencontrer les principaux opposants durant les congrès de la mouvance islamiste en Égypte, au Soudan ou en Europe. Le 7 avril, il s’est entretenu avec Brahim Essahd et Khaled al-Mechri, membres du Parti de la justice et du développement libyen. Il est également proche d’Abdelhakim Belhaj, ancien jihadiste libyen devenu homme politique.
Sa légitimité est néanmoins restreinte. Certains observateurs rappellent la déconfiture de la diplomatie tunisienne menée par son gendre Rafik Abdessalem sous le gouvernement de la troïka, et l’échec de l’initiative des "amis de la Syrie" lancée par le président Moncef Marzouki et soutenue par Ennahdha. À Zintan, bastion des milices libyennes, les chefs de tribu dénoncent déjà une ingérence étrangère. "Les réunions de Tunis ne nous engagent pas", ont-ils déclaré. Ghannouchi est prévenu.
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