Mali : pourquoi la suspension des sanctions reste sans effet
Bamako n’a toujours pas accès à ses avoirs financiers gelés, en dépit de la décision en sa faveur de la Cour de justice de l’UEMOA. Le bras de fer qui oppose le pays aux instances ouest-africaines menace de virer à l’imbroglio politico-juridique.
Rien n’a changé. Cela fait pourtant près de trois semaines que la Cour de justice de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a ordonné, le 24 mars, la suspension des sanctions de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui frappent le Mali depuis janvier. Alors que l’application de cette décision aurait dû être immédiate, le pays n’a toujours pas accès à ses avoirs à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et dans les banques commerciales. Les transactions commerciales et financières avec les autres pays de la région restent impossibles, et toute assistance et transactions provenant d’institutions régionales ou internationales demeurent suspendues.
D’après plusieurs indiscrétions, la mise en application de cette décision de l’UEMOA est en effet suspendue à l’appréciation de la conférence des chefs d’État de la zone. À Bamako, l’incompréhension est totale. Dans un communiqué daté du 6 avril, le gouvernement de la transition dénonce ainsi un « flagrant déni de justice » et « prend à témoin la communauté nationale et internationale face au non-respect par l’UEMOA de ses propres textes et aux dangers que cela constitue pour la crédibilité et la fiabilité » de l’organisation. Le bras de fer qui oppose le Mali et les instances ouest-africaines menace de virer à l’imbroglio politico-juridique.
>> Lire notre dossier Le Mali face aux sanctions de la Cedeao
Une décision qui ne fait pas l’unanimité
À Ouagadougou, siège de l’UEMOA, la cause malienne divise. La décision de la Cour de justice de suspendre les sanctions en raison de leurs conséquences sur le peuple malien, en attendant de se prononcer sur leur légalité, ne fait pas l’unanimité. Selon nos informations, une partie des juges de cet organe, dont l’Ivoirienne Suzanne Ebah-Touré, pointe la présence toujours en poste de l’actuel président de la Cour, le Malien Daniel A. Tessougué, malgré les sanctions à l’encontre de son pays.
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