Nigeria : Yemi Osinbajo sort de l’ombre et se lance dans la course à la présidentielle

Après des semaines de spéculations, le vice-président a annoncé qu’il était candidat à la magistrature suprême. Une officialisation qui, au sein du parti au pouvoir, le place en concurrence directe avec son mentor en politique, le puissant Bola Tinubu.

Yemi Osinbajo au Forum économique mondial à Davos, le 24 janvier 2018. Yemi Osinbajo, Vice-President of Nigeria capture during the Session: Stabilizing the Mediterranean at the Annual Meeting 2018 of the World Economic Forum in Davos, January 24, 2018. © WEF/NEWSCOM/SIPA

Publié le 12 avril 2022 Lecture : 2 minutes.

Une partie du suspense a été levée, au Nigeria : ce lundi 11 avril, Yemi Osinbajo a annoncé sa candidature à la magistrature suprême. Il l’a fait sur les réseaux sociaux, en mettant en avant ses sept années passées à la vice-présidence du pays et sa proximité avec le chef de l’État sortant, Muhammadu Buhari. Insistant sur le fait qu’il avait tenu le cap dans « les périodes les plus difficiles de l’histoire de la nation », il a souligné sa connaissance d’un pays qu’il a si souvent sillonné et fait le pari que tout cela ferait la différence dans les urnes.

De fait, Yemi Osinbajo passe, aux yeux de beaucoup, pour être le successeur naturel d’un Muhammadu Buhari, 79 ans et bientôt au terme de son second mandat. Une enquête – certes commandée par le bureau de la vice-présidence – montre qu’il jouit d’une réelle popularité et qu’il a des chances de l’emporter en 2023. Mais encore faudra-t-il qu’il décroche l’investiture de son parti, le All Progressives Congress (APC, au pouvoir), à l’issue des primaires qui doivent être organisées d’ici à juin.
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L’ambition de toute une vie

L’affaire s’annonce plus compliquée qu’il n’y paraît : lors de cette primaire, Osinbajo, 65 ans, fera face à son mentor en politique, Bola Tinubu, leader de l’APC et ancien gouverneur de Lagos. Également candidat, ce dernier a déjà affirmé que cette élection, c’était l’ambition de toute une vie et que personne ne pourrait le dissuader de se présenter.

>> À lire sur The Africa Report – Nigeria 2023: VP Yemi Osinbajo announces candidacy ; Tinubu challenge looms

Osinbajo doit beaucoup à Tinubu. C’est lui qui l’a sorti de l’obscurité en le nommant, en 1999, procureur général de l’État de Lagos, poste qu’il occupera huit ans. Pendant des années, il a officié comme conseiller personnel de Tinubu, dont il connaît presque tous les secrets. Chaque année, c’est même Osinbajo qui organise l’anniversaire de Bola Tinubu. Le 29 mars dernier, son absence aux festivités a donc été très commentée. « Pendant 13 ans, Osinbajo a été le planificateur en chef de cet événement et il faisait du bon travail. Cette fois-ci, il en a été complètement exclu. Ils ne lui font plus confiance », résume un assistant de Bola Tinubu.

Quelles sont les chances d’Osinbajo ? Il a beau être vice-président depuis sept ans, il n’a pas de véritable assise locale. Plusieurs des barons de l’APC ont d’ores et déjà apporté leur soutien à Tinubu et Buhari n’a pas officiellement adoubé son vice-président – étape indispensable pour espérer s’imposer à l’issue de la primaire, à laquelle participeront également Rotimi Amaechi, le ministre des Transports, et Yahaya Bello, le gouverneur de l’État de Kogi (sud-est du Nigeria).

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Dans l’hypothèse où l’APC le choisirait, Osinbajo – qui est originaire de Lagos – pourrait remporter une victoire confortable dans les régions du Sud, majoritairement chrétiennes. Mais il aura plus de mal à convaincre dans le Nord, où la participation est traditionnellement élevée.

Face à lui, le candidat de l’APC trouvera celui du Peoples Democratic Party (PDP), le parti d’Olusegun Obasanjo. L’ancien vice-président de ce dernier, Atiku Abubakar, 75 ans, a déjà annoncé qu’il briguerait l’investiture de la principale formation d’opposition. Ce sera la sixième fois.

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