Maroc : le souverain, l’Afrique et le monde

Fawzia Zouria

Publié le 8 avril 2014 Lecture : 2 minutes.

Enfin un Maghrébin qui revendique son africanité et qui prend la peine de sillonner le continent ! À l’instar de son compatriote et grand voyageur Ibn Battuta, qui, au XIVe siècle, parcourut les routes du monde de Sumatra à Tombouctou, le roi du Maroc a achevé en mars un long périple subsaharien. Au Mali, en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Gabon. Et pas pour faire du tourisme… Dans sa délégation, près de 200 personnes, des ingénieurs, des techniciens, des entrepreneurs, des médecins. Au Mali, Mohammed VI a proposé, entre autres, de former des imams à la prestigieuse mosquée des Karaouine, à Fès. À Libreville, il a signé une trentaine d’accords bilatéraux. À Conakry, on a parlé santé, développement durable, bourses d’études.

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Pourtant, peu de journaux arabes et occidentaux se sont étendus sur la prouesse marocaine. Et pour cause. Mohammed VI montre en miroir ce que les Arabes et les Européens ne font pas : les voisins maghrébins, d’abord, empêtrés dans des luttes internes et des visions à la petite semaine ; les émirs du Golfe, plus occupés à gagner les consciences africaines au wahhabisme qu’à fournir du bien-être ; les Français, toujours aux prises avec leurs vieux démons de la "Françafrique" ; l’Europe enfin, préoccupée par la question de l’immigration clandestine et de plus en plus tentée de se barricader. Voyez donc : le royaume chérifien offre des cartes de séjour en masse là où les Européens les distribuent au compte-gouttes ; les pays du Nord se ruent aux urnes contre l’immigration et pour la "préférence nationale" quand le Maroc régularise 25 000 Subsahariens d’un coup.

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Le roi du Maroc a compris que le développement de son pays passe par la prise en compte de l’Afrique subsaharienne et l’augmentation des échanges avec elle. En homme revenu du mirage occidental, il sait qu’il n’y a plus grand-chose à attendre de l’Europe. En tout cas, qu’il faut sortir d’un tête-à-tête peut-être stérile.

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Qu’importe donc l’avis des éternels sceptiques, pour qui le souverain "s’agite" surtout pour faire avancer le dossier du Sahara occidental. Moi, je dis, c’est bien que ce Roi soit dans l’exploration de tous les territoires parfois oubliés par son père. Sans discours ni fracas, qui plus est. Et si, pour d’autres, le Maroc n’est qu’une "maîtresse", comme le disent les Français, non seulement elle est la plus intelligente du harem arabe mais elle peut s’offrir le luxe de changer d’amant à sa guise, en vertu du proverbe oriental : "Varier les montures repose son cavalier" !

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