Cameroun : rencontre avec Kate Fotso, puissante femme d’affaires et de réseaux
À la tête de Telcar, leader camerounais dans la commercialisation de fèves de cacao, la dirigeante possède une fortune qui était estimée en 2016 à 150 milliards de F CFA. Pour JA, elle a accepté de lever un pan du voile qui recouvre son univers.
Situés à Bonabéri, au cœur de la zone industrielle de Douala, les bureaux de Telcar Cocoa Ltd sont aussi sobres et discrets que la maîtresse des lieux. Dès l’accueil, la personnalité de cette femme impériale se fait sentir – non sans subtilité. Aux visiteurs qui s’annoncent en français, les vigiles répondent en anglais.
Une manière de rappeler d’où vient Kate Kanyi-Tometi épouse Fotso, anglophone du Sud-Ouest, dans ce pays où la locution de l’une ou l’autre des deux langues officielles est un objet de représentation identitaire. L’anglais est donc de rigueur dans ces bureaux coquets où le blanc et le bois dominent, et où se diffuse un délicat parfum de cacao artificiellement entretenu pour que nul n’oublie la raison d’être de Telcar Cocoa Ltd, l’entreprise qui a fait d’elle la femme la plus riche du Cameroun.
Je ne parlerai pas de moi. Je ne donne pas d’interview. Vous êtes libre d’écrire votre article mais je ne vous y aiderai pas
À peine installés dans son immense bureau garni de sculptures et de tableaux, elle nous prévient sans attendre : « Je ne parlerai pas de moi. Je ne donne pas d’interview. Je n’ai jamais voulu me placer sous les projecteurs. Vous êtes libre d’écrire votre article mais je ne vous y aiderai pas. » Elle refuse même de nous dire dans quel pays elle a effectué ses études supérieures et se lance alors dans un long réquisitoire contre l’émigration des jeunes en Europe ou ailleurs. Selon elle, les biographies citant de prestigieuses universités européennes ou américaines contribuent à inciter les jeunes au départ.
Secrète et bien entourée
À la vérité, Kate Fotso n’est pas que discrète. Elle est secrète. Mais si elle est réticente à faire des confidences, son univers parle pour elle. Une porte s’ouvre sur la silhouette svelte d’une jeune femme en tenue décontractée. Elle est entrée comme chez elle, sans frapper, et murmure à l’oreille de la patronne de Telcar Cocoa Ltd avant de s’éclipser. C’est son unique fille et proche collaboratrice, Itaka, la quarantaine, membre du premier cercle de la reine camerounaise de l’agrobusiness. Elle seconde sa mère même si, en même temps, elle développe une entreprise spécialisée dans l’événementiel.
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