Dix choses à savoir sur Nitin Gajria, le « Monsieur Afrique » de Google

Nommé directeur général de la multinationale juste avant la pandémie, le patron de 43 ans n’a pas pu parcourir le continent comme il l’aurait souhaité. En mars, il a effectué l’un de ses tout premiers déplacements officiels à Lomé pour signer l’arrivée du câble sous-marin Equiano.

Nommé en 2019, Nitin Gajria, 43 ans, dirige depuis Johannesburg la stratégie de la firme de Mountain View en Afrique. © Google.

Publié le 4 mai 2022 Lecture : 4 minutes.

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Exclusif JA – Tech 2022 : les 50 champions d’un secteur en pleine expansion

Pour la deuxième année consécutive, Jeune Afrique et The Africa Report (TAR) publient en exclusivité un classement des 50 personnalités aux avant-postes de la transformation numérique du continent.

Sommaire

1. Lomé

On l’attendait à Lagos, il est arrivé à Lomé. Equiano, le câble sous-marin de fibre optique de Google qui doit relier Lisbonne au Cap, a été inauguré au Togo, le 18 mars. « L’atterrissement d’Equiano concrétise l’engagement de Google pour soutenir la transformation numérique de l’Afrique », s’est enthousiasmé Nitin Gajria, le directeur général de Google pour l’Afrique subsaharienne.

Nommé à ce poste en 2019, Nitin Gajria, 43 ans, dirige depuis Johannesburg un trio chargé de la stratégie de la firme de Mountain View en Afrique, composé de la Nigériane Juliet Ehimuan, de la Kényane Agnes Gathaiya et du Sud-Africain Alistair Mokoena. Lomé est l’un de ses premiers déplacements officiels, hors Afrique du Sud, la pandémie l’ayant empêché de « voyager autant [qu’il l’aurait] voulu », regrette-t-il. Il attribue cet atterrissement surprise à la concordance des intérêts de Google et du Togo, tout en confirmant que le câble Equiano sera « opérationnel au dernier trimestre 2022, comme prévu ».

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2. Au moins 1 milliard de dollars  

Nitin Gajria se consacre principalement au déploiement de l’investissement d’1 milliard de dollars promis par Google pour l’Afrique dans les cinq ans. L’annonce, faite en octobre, répond à trois objectifs. « Apporter internet à plus d’Africains » grâce au câble sous-marin Equiano, au projet de transport de données Taara – qui utilise des faisceaux de lumière invisible – et à une collaboration avec Safaricom pour financer des smartphones 4G, « que nous exportons désormais dans toute l’Afrique  ». Google veut aussi « aider l’entrepreneuriat africain » via l’African Investment Fund, aujourd’hui doté de 50 millions de dollars, et un accélérateur, qui en est à sa septième cohorte. Enfin, il s’agit pour Nitin Gajria de « soutenir les ONG  » via google.org, qui débloquera 40 millions de dollars sur cinq ans pour favoriser l’inclusion des femmes et des jeunes Africains.

3. Novice 

« Avant ce poste, je n’avais jamais mis les pieds en Afrique », admet aisément Nitin Gajria. Pourtant, le numéro un de Google sur le continent est persuadé que c’est l’endroit où il faut être dans le numérique : « L’Afrique est le rez-de-chaussée de l’internet, fait-il remarquer. Il y a 700 millions de personnes qui n’en ont encore aucune expérience. Comment celui-ci pourra améliorer leur vie et résoudre leurs problèmes ? Voilà la question majeure qui m’habite. »

4. Formé par P&G 

S’il a débarqué vierge de toute expérience africaine en 2019 à Johannesburg, Nitin Gajria a apporté dans ses bagages huit ans de parcours chez Google. Après plus de treize ans dans le secteur de la grande consommation, chez Procter & Gamble puis Mead Johnson Nutrition, il est recruté en 2014 par le géant d’internet (où sa femme travaille) comme responsable de marque pour l’Inde et l’Asie du Sud-Est, à Singapour. Deux ans plus tard, toujours depuis la cité-État, il devient directeur pour le Vietnam, le Cambodge et le Laos.

5. Nintendo 

Amoureux de gadgets pas toujours utiles et collectionneur de montres mécaniques, Nitin Gajria est fasciné par la tech. Un intérêt qui date de son enfance en Inde, lorsque ses grands-parents, qui habitaient à Tokyo, lui rendaient visite pour les vacances : « Mon frère et moi ne pouvions pas dormir la nuit précédant leur arrivée, car ma grand-mère venait toujours avec une valise rouge pleine de cadeaux, notamment des consoles portables Nintendo. » Pour Marcus Jilla, un ancien collègue chez Procter & Gamble, « Nitin n’est pas très procédurier et une firme tech comme Google lui convient probablement mieux qu’une entreprise plus traditionnelle ».

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6. Entrepreneurs 

S’il a fait toute sa carrière dans de grandes entreprises, Nitin Gajria est familier des projets entrepreneuriaux. « Dans ma famille, je suis entouré d’entrepreneurs : mon frère l’est dans l’industrie, mon père a son propre cabinet d’expert-comptable. C’est comme ça de génération en génération, je suis un peu l’exception. »

7. Business angel 

S’il n’est pas lui-même un entrepreneur, Nitin Gajria a toutefois investi dans près de 30 start-up, en Asie et en Afrique. En juillet 2021, il a rejoint XA Network, un réseau d’anciens salariés de Google devenus business angels en Asie du Sud-Est.

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8. Indian connexion

Étudiant, il fréquente l’Institut indien de management de Calcutta, comme le PDG de Bharti Airtel, Gopal Vittal, ou Indra Nooyi, l’ex-PDG de Pepsi. Il est aussi l’un des nombreux Indiens à un poste de responsabilité dans les Big Tech, dont les plus connus sont Satya Nadella, Sundar Pichai et Parag Agrawal, respectivement PDG de Microsoft, Alphabet (Google) et Twitter.

9. Africanisation 

Il y a trois ans, à son arrivée à la tête de Google en Afrique, Nitin Gajria s’est donné pour mission de « recruter des équipes dirigeantes quasi 100 % africaines et surtout issues des écosystèmes locaux. » Pas question de tomber dans cette tendance qu’ont certaines firmes internationales à « mener leurs activités africaines depuis Abou Dhabi ou ailleurs ». Pourquoi pas une personnalité originaire du continent à la tête de Google Africa ? « C’est vers cela que nous nous dirigeons  », confie-t-il.

10. Profondément multiculturel 

On a peu de peine à imaginer Nitin Gajria s’installer ailleurs dans le monde. « Il est profondément multiculturel », assure son ex-collègue Marcus Jilla. Et pour cause : né et élevé en Inde, avec des grands-parents paternels habitant à Tokyo et des grands-parents maternels à Singapour, Nitin Gajria parle cinq langues, a vécu dans la cité-État, en Australie, et réside aujourd’hui en Afrique du Sud. Sa femme est philippine et ses deux garçons sont indo-philippins, nés à Singapour et vivant aujourd’hui à Johannesburg.

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